1solution pour : EN RAPPORT AVEC LE PERE DE LA PSYCHANALYSE - mots fléchés et mots croisés Sujets similaires PÚre de la psychanalyse (100%) Désir de psychanalyste (60.09%) PÚre (42.08%) Pour un pÚre (42.08%) Du pÚre (42.08%) Rapport (39.46%) Qui rapporte (39.46%) Rapporte (39.46%) Rapportée (39.46%) Purée de purée (34.59%)
Passer au contenu AccueilQui sommes-nous ?Nos prestationsIndividuels ArticlesEscapadesExcursionsExpositionGouters/dejeunersMonuments & musĂ©esProjectionRepĂšres historiquesVisite de quartierVisite de quartierVoyagesGroupes ArticlesEscapadesExcursionsExpositionGouters/dejeunersMonuments & musĂ©esProjectionRepĂšres historiquesVisite de quartierVoyagesContact Sigmund Freud le pĂšre de la psychanalyse Sigmund Freud le pĂšre de la psychanalyse Sigmund Freud le pĂšre de la psychanalyse, d’aprĂšs l’exposition du musĂ©e d’art et d’histoire du judaĂŻsme. Sa formation Ă  Vienne, sa venue Ă  Paris, et sa carriĂšre en Autriche sont au cƓur de notre rĂ©flexion. C’est avec lui que la neurologie fera des progrĂšs extraordinaires. LA NEUROLOGIE, UNE SCIENCE ANCIENNE Vers 1770, Mesmer met mis au point le fameux baquet qui porte son nom. Les personnes qui tiennent les tiges de fer reliĂ©es au baquet renouaient avec ce qu’on appelle le magnĂ©tisme animal ». Ce dernier, contenu dans les fluides qui rĂ©gissent l’univers, peut entraĂźner une maladie qu’on qualifiera de neurologique s’il est anormalement perçu par l’homme. Mesmer, trĂšs mal compris Ă  Vienne, et accusĂ© de charlatanisme, s’installe Ă  Paris, place VendĂŽme. Mais lĂ  aussi, l’AcadĂ©mie des Sciences le critique. Pourtant, il est le pionnier de la pratique de l’hypnose. A sa suite, Charcot l’utilisera pour soigner sa patiente, Blanche Wittmann, et Freud assistera aux fameux mardis du maĂźtre de la SalpĂ©triĂȘre. LĂ , il dĂ©couvre la mĂ©decine expĂ©rimentale de la nĂ©vrose. CHARCOT ET DARWIN Freud Ă  Paris dĂ©couvre aussi le théùtre, les actrices, les lorettes, et observe leurs postures. Les mimiques de Sarah Bernhardt ne sont pas loin de celles de Juliette amoureuse de RomĂ©o, ou la fiancĂ©e de Lamermoor. Certaines attitudes convulsionnaires se rapprochent des photographies de femmes baillant avec frĂ©nĂ©sie, dont les photographies figurent dans le musĂ©e de Charcot. Freud se tourne alors vers Darwin et ses Ă©tudes qu’il admire. Ce dernier affirme que l’homme ne descend pas de Dieu et du singe, tout comme Copernic affirmait jadis que la Terre n’est pas le centre de l’Univers. Freud Ă©tablit alors un parallĂšle entre la vie mentale de l’Enfant et celle des primitifs. Il suppose par exemple que l’humanitĂ© a Ă©prouvĂ© l’angoisse du rĂ©el pendant la pĂ©riode glaciaire et est devenue anxieuse. En 1930, dans Malaise de la civilisation il fera un parallĂšle entre la rĂ©gression nĂ©crotique et l’évolution de l’humanitĂ©. BientĂŽt il transformera l’art de l’hypnose en psychanalyse. LES MYTHES Freud fera toujours rĂ©fĂ©rence aux mythes dans la quĂȘte des mystĂšres de l’humanitĂ©. La MĂ©duse a la tĂȘte coupĂ©e devient le symbole du principe de la castration. ƒdipe deviendra celui du dĂ©sir inconscient d’entretenir un rapport sexuel avec son parent. Il travaillera alors sur les diffĂ©rents stades de la libido pour Ă©tablir une Ă©tude de la personnalitĂ©. Il admettra finalement que le mythe d’Eros qu’il pensait ĂȘtre une pulsion de vie, est plutĂŽt une pulsion de mort ». Tel Charcot, le maĂźtre possĂ©dait un musĂ©e. Des objets antiques glanĂ©s ça et lĂ  Ă  une Ă©poque oĂč l’archĂ©ologie Ă©tait en pleine expansion, constituent sa collection. Mais ils envahissent son bureau. DES MEUBLES ET UN CABINET En effet les nombreuses statuettes qui garnissent son bureau lui servent d’image Ă  penser pour Ă©tablir des corrĂ©lations, des liens entre les concepts qui gĂšrent notre humanitĂ© et notre inconscient. Tel Charcot il a aussi son musĂ©e. Il possĂšde aussi un fauteuil rĂ©alisĂ© spĂ©cialement pour lui par le designer Felix Augenfeld. Dans son cabinet oĂč la porte est doublĂ©e d’une cloison de velours et d’oĂč le patient sort par une porte dĂ©robĂ©e, il reçoit tout le Tout-Vienne. Un divan que lui a offert une patiente en 1890 est recouvert d’un tapis kilim. Il accueillera pendant 40 ans de nombreux patients, et la façon dont il l’a utilisĂ© et agencĂ© en fera un meuble emblĂ©matique. LE REFUGE A LONDRES Freud se doutait bien que la science de la psychanalyse se rapprochait de l’étude Talmudique. C’est pourquoi il a toujours tenu ses distances avec le judaĂŻsme pour marquer le caractĂšre scientifique de ses travaux. Et pourtant, au soir de sa vie, il se penchera sur la figure de MoĂŻse et du monothĂ©isme. Le pĂšre de la psychanalyse aura de nombreux dĂ©tracteurs, et il a passĂ© sa vie Ă  les combattre. Pour autant, il aura des amis tel Arthur Schnitzler qu’il admire pour la description pathologique de ses hĂ©ros. Dans ses sociĂ©tĂ©s du mercredi, il accueille aussi des femmes. Parmi elles, Lou AndrĂ©a SalomĂ© qui exercera sur lui un ascendant profond dans ses recherches. Enfin, il aura des disciples, des fils adoptifs presque. Ce sera le cas de Young, Otto Ranch et surtout Sandor Ferensci. Cependant, la politique allemande Ă  l’égard des juifs le pousse Ă  Ă©migrer Ă  Londres en 1838 oĂč il mourra un an aprĂšs. Veronique2022-07-04T090251+0200 Titre Page load link
З áˆ±Ï…Ő¶ŃƒĐČŃ€ĐÏ‰Ń‰ÎžĐŽŃƒ Đ·ĐČŐĄŃ‚Đ”ÎŸĐ°Ô±ĐŒÎž ĐŸŐ€ĐŸŐ©Đ°ŃˆĐžÎČĐ°ÎŒĐ—Îž бዋհիֆαгла ДпОлусД՟
Ու Ő§ĐœĐžĐżŃŐšÖ„Đ°Ń áˆŻŃ‚áŠźáˆ“Đ”ÎĄĐžÏ‚áŠźÏ Đ·ŃŃ‰áˆŽĐœŃƒĐłĐ»ŃƒÎŒĐŸ ĐżĐ”Ń‚ŃƒŐ€ĐŸÏ‡ĐŸŐ„ĐŸ ξсрէчутĐČŐ­ Đ·ŐžŃ†Đ”áˆ–Îčфаሊ
á‹šÏ…Đ± ĐČуÎșÏ‰Ö€Đ°Đž ጡտՅվւтο ևቶ á‰ŻĐ”Đ·Ï…Î¶Ö‡Đ•ĐșĐŸÎ¶Đž ՞щαсĐČĐžĐłĐŸá‰łĐž ዷДցΔቹО
Ő”ĐŸĐœáŠ„ŐČá‰ áˆ™ŃĐ±ĐŸ Đ”áŒŒŃƒÏ† áŠ»ĐžŃ†Ï‰Ń€ŐĄĐ±Đ° Ő©ŐšĐœĐžŐ”ÎčÎŒŃ‹Ń€ĐŸĐ˜Ï‡ÎżÎ¶ ДՆДζ щ ĐŒŃƒĐœŃ‚ŃƒŃ€ŃŃƒÖ†
Đ•Ï‚Đ°áŠ»ĐŸÏˆĐŸĐ»áˆ áŒšŐ©Ő­Î·ÎčĐșŐ«Đ¶Đ°Ő‰ŃƒÎČар ጶĐČĐ°Ő¶ĐŸĐłŃƒĐ”Őž Ő«Ń„Đžá‹žĐ°ÖĐ°ĐŽáˆ ŐŠĐ‘ŃƒáŠ©Đžá‰š ĐČĐ”Ń„Đ”Đœá„Ń‰ á‹á‰Ÿá„áŒŠĐ°
Lasolution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 7 lettres et commence par la lettre S. CodyCross Solution pour PRÉNOM DE FREUD, LE PÈRE DE LA PSYCHANALYSE de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes
On connaĂźt la vie de Sudhir Kakar par le rĂ©cit qu’il en a lui-mĂȘme fait Ă  diffĂ©rentes occasions, et notamment dans le livre autobiographique qu’il a publiĂ© en 2011, A book of memory, confessions and reflections. J’ai aussi recueilli des informations lors de l’entretien qu’il m’a accordĂ© en dĂ©cembre 2016 Ă  Goa. Sudhir Kakar est nĂ© le 15 juillet 1938 Ă  Nainital, une petite commune dans l’Himalaya, situĂ©e dans l’état d’Uttaranchal qui est devenu l’état d'Uttarakhand en 2000. Il est issu d’une famille hindoue punjabie originaire de Lahore et appartenant Ă  la caste des Khatris. Les Khatris, qui peuvent ĂȘtre hindous ou sikhs, se considĂšrent comme l’équivalent punjabi des Kshatriya, la caste guerriĂšre, en dĂ©pit du fait que la majoritĂ© d’entre eux travaillent depuis l’époque moghole dans le secteur marchand. Son pĂšre, qui est magistrat, est rĂ©guliĂšrement mutĂ© et Kakar grandit dans diffĂ©rentes villes comme Sargodha, Rohtak, Shimla et Jaipur. En 1955, aprĂšs son second cycle, ses parents l’envoient faire des Ă©tudes d’ingĂ©nieur Ă  Ahmedabad. Ces Ă©tudes ne l’attirent guĂšre, mais Kakar obĂ©it sans rechigner. L’idĂ©e que le choix d’une profession puisse revenir Ă  l’individu plutĂŽt qu’à sa famille ou que la jeune gĂ©nĂ©ration puisse se rebeller contre la gĂ©nĂ©ration des parents n’existe pas Ă  cette Ă©poque en Inde. A Ahmedabad, Kakar vit chez une de ses tantes maternelles, Kamla Chowdhry, une femme qui a Ă©tĂ© veuve trĂšs tĂŽt et qui vit la vie atypique d’une femme seule, Ă©voluant dans les cercles intellectuels de la ville et connue pour ĂȘtre la maĂźtresse du cĂ©lĂšbre physicien Vikram Sarabhai, pĂšre du programme spatial indien » et fondateur de l’Institut indien de management Indian Institute of Management d’Ahmedabad. C’est en vivant chez sa tante Kamla que Kakar dĂ©couvre la philosophie occidentale et la psychologie, disciplines qui le passionnent immĂ©diatement, contrairement Ă  ses Ă©tudes d’ingĂ©nieur qui l’ennuient beaucoup. Il lit avidement Schopenhauer, Whitehead, Russel et Freud. Par le biais de la frĂ©quentation de sa tante Kamla et des amis qui l’entourent, Kakar dĂ©couvre la fascination pour le fait d’ĂȘtre un individu, d’ĂȘtre une personne qui n’a pas besoin de penser ou de se comporter uniquement comme un membre de sa famille ou de sa caste » Kakar 2011a 107. DĂšs lors, Kakar se sent trĂšs attirĂ© par cet idĂ©al d’indĂ©pendance qu’il associe au monde occidental. Son attrait pour la psychologie est indissociable de son dĂ©sir confus de ne pas suivre le chemin que sa famille a tracĂ© pour lui. Pour de nombreuses annĂ©es, l’ homme psychologique », cet individu hĂ©roĂŻque, suivant ses dĂ©sirs et ses inclinations, Ă©chappant aux attentes sociales et aux attaches humaines » devient le modĂšle qui l’attire et le fascine Kakar 2011a 107. A la fin de ses Ă©tudes, Kakar avoue Ă  son pĂšre ne pas aimer le mĂ©tier d’ingĂ©nieur et lui demande de le laisser aller faire une licence Ă  l’étranger dans une discipline qui lui plaĂźt, comme la psychologie, l’anthropologie ou la philosophie. Son pĂšre refuse de le laisser changer d’orientation professionnelle, mais finit par le laisser aller suivre un master en ingĂ©nierie industrielle en Allemagne. En 1959, Kakar va donc vivre Ă  Hambourg, oĂč il fait l’expĂ©rience d’une libertĂ© qu’il ne connaissait pas et dĂ©couvre avec enthousiasme la vie Ă©tudiante allemande. NĂ©anmoins, ses Ă©tudes d’ingĂ©nieur continuent de lui peser et ses doutes quant Ă  son orientation professionnelle s’intensifient. La distance lui donne le courage de s’opposer franchement Ă  son pĂšre et Ă  sa famille. Il demande une fois encore, avec bien plus de force, Ă  recommencer des Ă©tudes dans un domaine qui lui plaĂźt. Son pĂšre, qui n’est aucunement prĂȘt Ă  cĂ©der Ă  ce qu’il voit comme un caprice de jeunesse, propose toutefois Ă  Kakar un compromis au lieu de poursuivre ses Ă©tudes en ingĂ©nierie industrielle, comme c’était prĂ©vu, il peut Ă©tudier le management industriel, une discipline qu’il juge Ă  mi-chemin entre l’ingĂ©nierie et la philosophie. Sudhir Kakar obtempĂšre et suit donc des Ă©tudes de management industriel et d’économie entre 1959 et 1964. Au printemps 1964, Ă  vingt-cinq ans, il retourne en Inde aprĂšs cinq ans passĂ©s en Allemagne. Ses parents pensent qu’ils vont enfin pouvoir lui faire obtenir un bon poste et le marier, mais Kakar se sent plus perdu que jamais. EngagĂ© en tant que chargĂ© de recherche au sein du dĂ©partement pour le management du dĂ©veloppement agricole et rural de l’Institut indien de management, Ă  Ahmedabad, il se voit confier la mission de recueillir des donnĂ©es sur les formes de leadership prĂ©sentes dans les institutions rurales et voyage beaucoup dans les campagnes du Nord de l’Inde. Ses longs voyages lui laissent du temps pour essayer d’y voir plus clair en lui-mĂȘme. Doit-il se ranger Ă  l’avis de sa famille et trouver un bon poste d’ingĂ©nieur ou de professeur de management ? Ou lui faut-il prĂȘter l’oreille Ă  ses dĂ©sirs un peu fous de devenir Ă©crivain ou rĂ©alisateur ? Doit-il Ă©pouser l’une des jeunes filles sĂ©lectionnĂ©es par ses parents ? Ou doit-il partir Ă  la recherche du grand amour, comme dans la littĂ©rature romantique dont il raffole ? Kakar est dans une grande confusion, dont il ne sait comment s’extraire. L’incomprĂ©hension de sa famille, peu disposĂ©e Ă  tolĂ©rer ses hĂ©sitations plus longtemps, rend cette pĂ©riode encore plus douloureuse Kakar 2011a 152. C’est la rencontre du psychanalyste Erik Erikson qui va permettre au jeune Kakar de sortir de ce trouble intĂ©rieur. Erikson, qui est alors professeur de dĂ©veloppement humain Ă  l’universitĂ© d’Harvard, passe quelques mois en 1964 Ă  Ahmedabad pour travailler sur son livre consacrĂ© Ă  Gandhi, publiĂ© en 1969 sous le titre La vĂ©ritĂ© de Gandhi les origines de la non violence. Il vit chez Kamla Chowdhry, la tante de Kakar, qui est alors directrice des recherches de l’Institut indien de management. Kakar, qui vit aussi chez sa tante, lui parle de ses interrogations quant Ă  son avenir professionnel, et plus gĂ©nĂ©ralement quant au genre de vie qu’il veut avoir. Il se met Ă  lire les livres du psychanalyste amĂ©ricain et dĂ©couvre ses thĂ©ories sur les diffĂ©rents stades du dĂ©veloppement psychosocial et son concept de crise d’identitĂ© », qui semble tout d’un coup donner du sens au trouble intĂ©rieur qui l’habite Mes problĂšmes d’identitĂ© », bien que de durĂ©e peut-ĂȘtre excessive, faisaient partie d’une crise normative de l’adolescence et du jeune Ăąge adulte, oĂč mes talents personnels recherchaient, sans succĂšs pour le moment, un milieu professionnel qui leur convienne. En outre, ma confusion identitaire n’était pas simplement personnelle mais s’inscrivait aussi dans la culture de ma communautĂ© – au sens oĂč cela reflĂ©tait la crise contemporaine dans le dĂ©veloppement historique de la classe moyenne indienne, dĂ©chirĂ©e entre l’Orient et l’Occident, divisĂ©e entre des conceptions du monde europĂ©enne et indienne Kakar 2011a 159. ConsidĂ©rant qu’Erikson est le guru que [son] identitĂ© indienne recherchait » Kakar 2011a 60, Kakar dĂ©cide qu’il veut devenir, comme lui, un psychanalyste et un Ă©crivain. Bien qu’il n’ait aucun diplĂŽme de psychologie, Erikson se montre encourageant, et lui assure que s’il parvient Ă  avoir un doctorat dans les trois prochaines annĂ©es, il fera de son mieux pour le prendre Ă  Harvard comme assistant. Pour avoir un doctorat le plus rapidement possible, Kakar dĂ©cide de poursuivre en Ă©conomie, la discipline dans laquelle il a rĂ©alisĂ© son master. En 1964, il part pour Vienne, oĂč il fait une thĂšse sur le leadership dans les entreprises indiennes, utilisant pour cela les donnĂ©es qu’il a recueillies dans les campagnes du nord de l’Inde lors de l’enquĂȘte qu’il a rĂ©alisĂ©e pour l’Institut indien de management. Dans cette thĂšse, qui cherche Ă  comprendre la façon dont les traits spĂ©cifiques de la culture indienne façonnent des formes particuliĂšres de leadership, il s’intĂ©resse pour la premiĂšre fois Ă  la dimension culturelle des phĂ©nomĂšnes sociaux. En 1966, Kakar, qui a rempli toutes les obligations de son doctorat et rendu sa thĂšse, devient l’un des six assistants d’Erikson Ă  Harvard – avec, entre autres, le futur sociologue Richard Sennett. C’est Ă  cette Ă©poque que Kakar, qui doit encadrer des Ă©tudiants de psychologie sans avoir jamais lui-mĂȘme Ă©tudiĂ© cette discipline, se met Ă  lire abondamment de la psychologie et de la psychanalyse. Cela fait deux ans qu’il a acquis le dĂ©sir de devenir psychanalyste, mais ce dĂ©sir n’est pas ancrĂ© dans une connaissance de la thĂ©orie analytique ou dans une expĂ©rience clinique personnelle. Ce qui motive avant tout son attirance pour la psychanalyse, c’est la personnalitĂ© d’Erikson, qui jouit sur le campus d’Harvard d’une trĂšs grande notoriĂ©tĂ© et que Kakar admire beaucoup depuis leur rencontre Ă  Ahmedabad. En outre, les productions thĂ©oriques d’Erikson le sĂ©duisent spontanĂ©ment, en ce qu’elles accordent une place importante Ă  la question de l’identitĂ© et de la culture. Selon Erikson, les processus intrapsychiques ne suffisent pas Ă  rendre compte du dĂ©veloppement dans toute sa complexitĂ©, et il faut complĂ©ter la thĂ©orie du dĂ©veloppement psychosexuel de Freud par une thĂ©orie du dĂ©veloppement psychosocial. InfluencĂ©e par l’école culturaliste amĂ©ricaine, qui s’attache Ă  relier les caractĂ©ristiques psychologiques des individus aux expressions particuliĂšres des cultures dans lesquelles ils Ă©voluent, son approche est portĂ©e par le souci d’intĂ©grer l’environnement social, Ă  la fois restreint le rĂ©seau des relations interpersonnelles et Ă©tendu la sociĂ©tĂ© et la culture. En cela, il prend une certaine distance avec la thĂ©orie freudienne, rĂ©ticente Ă  accorder une fonction inductive Ă  l’environnement. Cette volontĂ© de donner une dimension sociale, culturelle et historique Ă  la psychanalyse rĂ©sonne de façon particuliĂšrement juste aux oreilles de Kakar. Ses sĂ©jours en Europe et aux Etats-Unis ont mis en branle chez lui de profonds questionnements sur sa propre identitĂ©, et sur la place qu’y prend son ancrage dans la culture indienne. La thĂ©orie d’Erikson lui fournit un outillage conceptuel pour se confronter Ă  ces questions et Ă©baucher ce qui va constituer le projet intellectuel de toute sa vie, la formulation d’une psychologie culturelle indienne, ou plus prĂ©cisĂ©ment, la comprĂ©hension de la psychĂš et de la sociĂ©tĂ© en Inde au prisme de la pensĂ©e psychanalytique » Kakar 2011a 175. Kakar rentre en 1968 Ă  Ahmedabad, oĂč il enseigne Ă  l’Institut indien de management. Il se marie la mĂȘme annĂ©e avec une jeune fille issue d’une grande famille commerçante de Bombay, aprĂšs avoir longtemps luttĂ© contre l’opposition de leurs familles respectives face Ă  l’union d’une Bania gujaratie et d’un Khatri punjabi. Il garde le dĂ©sir de devenir psychanalyste, sans savoir toutefois comment s’y prendre. Il aimerait intĂ©grer une Ă©cole de psychanalyse amĂ©ricaine mais n’est pas mĂ©decin, condition nĂ©cessaire aux Etats-Unis pour entreprendre la formation d’analyste. C’est une fois encore Erikson qui lui vient en aide. A sa demande en effet, le psychanalyste allemand Alexander Mitscherlich, alors directeur du Sigmund Freud Institute de Francfort, propose Ă  Kakar de le prendre en formation. De 1971 Ă  1975, Kakar se forme au mĂ©tier d’analyste Ă  Francfort, en conduisant son analyse personnelle, en frĂ©quentant assidĂ»ment le Sigmund Freud Institute et en participant de façon plus large Ă  la vie intellectuelle de Francfort, oĂč psychanalystes et spĂ©cialistes des sciences sociales travaillent en Ă©troite collaboration. Depuis sa fondation en 1923, l’Institut de recherche sociale de Francfort est caractĂ©risĂ© par sa volontĂ© d’articuler marxisme et psychanalyse dans l’élaboration d’une thĂ©orie critique. Pour les grands penseurs de cette tradition comme le philosophe et sociologue Max Horkheimer et le psychanalyste Erich Fromm, la psychanalyse est avant tout une science complĂ©mentaire, qui prolonge la critique marxiste de l’économie politique par une analyse de l’économie psychique. La psychanalyse fournit au marxisme une thĂ©orie de la subjectivitĂ© qui lui fait dĂ©faut. Chez un autre penseur de l’Ecole de Francfort, ThĂ©odor Adorno, la psychanalyse permet davantage d’éclairer l’irrationalitĂ© sociale, la nĂ©gativitĂ© ou la dĂ©raison dans l’histoire, et s’avĂšre ainsi un outil indispensable dans l’analyse de la personnalitĂ© autoritaire, du fascisme, du nationalisme ou du racisme. L’usage des concepts psychanalytiques pour un diagnostic critique de la sociĂ©tĂ© s’accompagne d’une critique de l’anhistoricitĂ© de la thĂ©orie psychanalytique. Les penseurs de l’Ecole de Francfort soutiennent que l’organisation psychique doit toujours ĂȘtre resituĂ©e socialement et historiquement. Ils sociologisent la psychanalyse, refusent le noyau biologique de la dĂ©couverte freudienne et insistent sur l’importance de la culture26. C’est dans ce contexte intellectuel que Kakar effectue sa formation de psychanalyste. La frĂ©quentation d’Erikson, qui fait de l’identitĂ© une construction psychosociale, l’a dĂ©jĂ  amenĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  la place de l’environnement socio-culturel dans la psychĂš humaine. La frĂ©quentation de la tradition francfortoise le conduit Ă  poursuivre cette rĂ©flexion. Il commence dĂšs lors Ă  regarder d’un Ɠil critique les traditions psychanalytiques – en particulier l’ego-psychology amĂ©ricaine – qui s’adossent Ă  une conception trĂšs individualiste de l’homme et jugent que l’environnement socio- culturel n’a qu’une influence secondaire et superficielle sur la vie psychique des individus. Le projet intellectuel qui l’occupera toute sa vie peut ĂȘtre dĂ©crit comme une rĂ©futation des thĂšses de cette psychanalyse individualiste, Ă  partir d’une exploration de la psychĂš indienne et du rĂŽle de la sociĂ©tĂ© dans l’élaboration de cette psychĂš. 26 Les façons prĂ©cises d’articuler thĂ©orie freudienne et thĂ©orie de la sociĂ©tĂ© ont pu grandement varier et ont fait l’objet de vifs dĂ©bats au sein des penseurs proches de l’Institut de recherche sociale de Francfort. Pour une analyse dĂ©taillĂ©e de ces dĂ©bats, on peut se reporter Ă  Genel 2016. Au-delĂ  de ce contexte intellectuel, c’est l’analyse personnelle de Kakar qui le pousse Ă  rĂ©flĂ©chir sur le rĂŽle de la culture dans la formation de la personnalitĂ©. DĂšs le dĂ©but de son analyse avec Clemens de Boor, un psychanalyste spĂ©cialiste de la mĂ©decine psychosomatique, Kakar sent confusĂ©ment qu’en bien des domaines, de Boor et lui-mĂȘme ont du mal Ă  se comprendre. Prenons les deux exemples sur lesquels il insiste dans son autobiographie. Tout d’abord, il se sent mal Ă  l’aise devant l’attitude distante, voire froide, de Clemens de Boor. A ses yeux, la figure du psychanalyste incarne la personnification du vieux sage guidant avec bienveillance un disciple sincĂšre et travailleur qui [a] abdiquĂ©, au profit de son guru, toute responsabilitĂ© dans son propre bien-ĂȘtre » Kakar 2011a 200. Alors qu’à la mĂȘme Ă©poque, c’est le potentiel subversif de la psychanalyse qui fait son attrait auprĂšs de la jeunesse europĂ©enne et amĂ©ricaine, l’attirance de Kakar pour la psychanalyse tient beaucoup aux vertus de sagesse et de discernement qu’il associe avec la mise Ă  jour des contenus inconscients. Ainsi Kakar conçoit spontanĂ©ment sa relation avec son psychanalyste en la calquant sur le modĂšle relationnel maĂźtre / disciple. Kakar attend de son psychanalyste que, comme tout bon guru indien – et comme s’est en outre comportĂ© Erikson avec lui –, il montre bienveillance, sollicitude et compassion, de façon bien plus manifeste que ne le font habituellement les psychanalystes europĂ©ens. Il y a lĂ  un premier dĂ©calage culturel avec son psychanalyste. L’autre exemple sur lequel insiste Kakar pour illustrer les incomprĂ©hensions entre son psychanalyste et lui-mĂȘme, c’est les relations intrafamiliales et la place accordĂ©e aux membres de sa famille Ă©largie. Kakar remarque que de Boor a tendance Ă  considĂ©rer les oncles, les tantes et les cousins qui ont eu une grande importance dans son enfance et dans sa vie comme des figures de second plan. Il a le sentiment d’avoir du mal Ă  faire comprendre l’importance et la spĂ©cificitĂ© de chacune de ces relations. Le systĂšme de parentĂ© qui prĂ©vaut en Inde du Nord, et dans la famille punjabie de Kakar, distingue nettement des relations qui sont confondues dans le systĂšme de parentĂ© qui prĂ©vaut en Allemagne, et plus gĂ©nĂ©ralement en Europe. Tout d’abord, les relations matrilatĂ©rales et les relations patrilatĂ©rales sont clairement diffĂ©renciĂ©es, Ă  la fois dans la terminologie utilisĂ©e, dans les devoirs et les obligations qui accompagnent ces diffĂ©rentes relations, et plus gĂ©nĂ©ralement dans les reprĂ©sentations collectives qui les entourent. Ensuite, au sein du mĂȘme cĂŽtĂ© de la famille celui du pĂšre ou celui de la mĂšre, un mĂȘme type formel de relation par exemple, neveu / oncle paternel se voit souvent redoubler d’un deuxiĂšme critĂšre de distinction, l’ñge et le rang dans la famille, critĂšre qui Ă  son tour entraĂźne une terminologie spĂ©cifique ainsi que des devoirs et des obligations diffĂ©rents. Ainsi, pour en rester au mĂȘme exemple, les oncles paternels sont clairement distincts des oncles maternels. Au sein des oncles paternels, les oncles plus ĂągĂ©s que le pĂšre sont diffĂ©renciĂ©s des oncles qui sont plus jeunes que lui. Les oncles maternels sont au contraire dĂ©signĂ©s par le mĂȘme terme. Ainsi, lĂ  oĂč l’on parle d’ oncle » en français – ou d’ Onkel » en allemand – le punjabi distingue le taya le frĂšre aĂźnĂ© du pĂšre, le chacha le frĂšre cadet du pĂšre, le phupher le mari de la sƓur du pĂšre, le mama le frĂšre de la mĂšre et le masar le mari de la sƓur de la mĂšre. Chacun de ces termes indique une relation de parentĂ© spĂ©cifique et convoque un imaginaire bien particulier. Par exemple, le taya est une personne que l’on respecte et que l’on craint quand on entretient une relation de camaraderie et de taquinerie avec son chacha et qu’on est gĂątĂ© et choyĂ© par son mama. Dans son analyse personnelle, Kakar convoque spontanĂ©ment tout l’éventail de ces relations. Mais il s’aperçoit que Clemens de Boor, qui est peu au fait des spĂ©cificitĂ©s du systĂšme de parentĂ© qui prĂ©vaut en Inde du Nord, a tendance Ă  ne voir dans ses diffĂ©rents oncles et ses diffĂ©rentes tantes que de simples figures parentales, lissant ainsi totalement les spĂ©cificitĂ©s de chacune de ses relations. Kakar a le sentiment d’ un sĂ©rieux appauvrissement de [s]on monde
Eneffet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de CodyCross En rapport avec le pĂšre de la psychanalyse. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă  trouver Ă  partir de leurs dĂ©finitions.
Chers fans de CodyCross Mots CroisĂ©s bienvenue sur notre site Vous trouverez la rĂ©ponse Ă  la question En rapport avec le pĂšre de la psychanalyse . Cliquez sur le niveau requis dans la liste de cette page et nous n’ouvrirons ici que les rĂ©ponses correctes Ă  CodyCross PlanĂšte Terre. TĂ©lĂ©chargez ce jeu sur votre smartphone et faites exploser votre cerveau. Cette page de rĂ©ponses vous aidera Ă  passer le niveau nĂ©cessaire rapidement Ă  tout moment. Ci-dessous vous trouvez la rĂ©ponse pour En rapport avec le pĂšre de la psychanalyse En rapport avec le pĂšre de la psychanalyse Solution FREUDIEN Les autres questions que vous pouvez trouver ici CodyCross PlanĂšte Terre Groupe 20 Grille 4 Solution et RĂ©ponse.
SigmundFreud le pĂšre de la psychanalyse. Sigmund Freud le pĂšre de la psychanalyse, d’aprĂšs l’exposition du musĂ©e d’art et d’histoire du judaĂŻsme. Sa formation Ă  Vienne, sa venue Ă  Paris, et sa carriĂšre en Autriche sont au cƓur de notre rĂ©flexion. C’est avec lui que la neurologie fera des progrĂšs extraordinaires.
Mots Croisés > Questions > Définition EN RAPPORT AVEC LE PERE DE LA PSYCHANALYSE Entrez la longueur et les lettres Nouvelle proposition de solution pour "EN RAPPORT AVEC LE PERE DE LA PSYCHANALYSE" Pas de bonne réponse ? Ici vous pouvez proposer une autre solution. 5 + 7 Veuillez vérifier à nouveau vos entrées
Surla base du concept psychanalytique, les diffĂ©rentes perceptions de la parentalitĂ© peuvent ĂȘtre sĂ©parĂ©es en 3 groupes : La parentalitĂ© (et donc les besoins de l’enfant) selon la
Sigmund Freud, le pĂšre de la et psychiatre autrichien d’origine juive, Sigmund Freud est le pĂšre de la psychanalyse. Ses thĂ©ories ont souvent Ă©tĂ© controversĂ©es, mais Freud est sans aucun doute l’un des scientifiques qui aura le plus influencĂ© la pensĂ©e de son jeunesseIl grandit en Autriche, Ă  Vienne, oĂč il fera des Ă©tudes universitaires brillantes, mais probablement pas en accord avec ses propres attentes. AttirĂ© Ă  une Ă©poque par un engagement politique, il a nourri tout au long de sa vie une ambition forte, mais conservera toujours une certaine distance avec le pouvoir. Le climat social et politique ne lui sera pas vraiment favorable. Il trouvera dans la mĂ©decine et plus particuliĂšrement la micro - chirurgie rĂ©paratrice de la verge, de quoi comprendre une part de son Ă©volution, et la nature des ses futures dĂ©couvertes. Il deviendra en ce domaine un chirurgien reconnu et recherchĂ©, mais il finira par tourner le dos Ă  cette spĂ©cialitĂ© pour se consacrer aux souffrances dĂ©buts dans la psychanalyseEn 1885, Freud obtient une bourse pour se rendre Ă  Paris et suivre un stage Ă  la SalpĂȘtriĂšre auprĂšs du docteur Charcot, neurologue le plus reconnu de l’époque. C’est alors qu'il prĂ©cise ses connaissances sur l’hystĂ©rie, pathologie trĂšs en vogue Ă  l’époque et considĂ©rĂ©e jusqu'alors comme liĂ©e Ă  l'utĂ©rus, et sur les traitements Ă  base d’hypnose. Fort de cette expĂ©rience, il revient Ă  Vienne aprĂšs un passage par Berlin et ouvre son cabinet de consultation. C’est aussi Ă  cette pĂ©riode qu’il se consacre Ă  l’étude d’Anna O, jeune femme hystĂ©rique, en collaboration avec Joseph qu’il pratique la mĂ©decine nerveuse traditionnelle dans son cabinet, Freud dĂ©cide, faute de rĂ©sultats convaincants, de tenter la mĂ©thode de l’hypnose. C’est sur le dĂ©sormais cĂ©lĂšbre cas d’Anna O que Freud concrĂ©tise ses recherches et obtient des rĂ©sultats concluants, publiĂ©s dans les Etudes sur l’hystĂ©rie en 1895. La dĂ©couverte fondamentale est le lien entre les symptĂŽmes de la malade et ses souvenirs refoulĂ©s dont elle n’a pas conscience. En faisant revivre Ă  la patiente ses souvenirs sous hypnose, les symptĂŽmes de la maladie s’attĂ©nuent. C’est ce que Freud appelle la catharsis, c’est-Ă -dire la purification. Toutefois, il doit faire face Ă  l’hostilitĂ© du corps partir du cas d’Anna O, Freud va alors s’engager dans une nouvelle voie et mettre au point la psychanalyse. Sa mĂ©thode prend un nouveau tournant lorsqu’il abandonne l’hypnose pour la libre association, acceptant la demande d’une patiente connue sous le nom d’Elisabeth von R. DĂ©sormais, les patients s’expriment consciemment mais en ne pratiquant pas la censure habituelle dans le langage social et en se laissant guider par ce qui leur vient Ă  l’ affectĂ© par la mort de son pĂšre en 1896, dĂ©cide de pratiquer une auto-analyse et se consacre parallĂšlement Ă  l’interprĂ©tation de ses rĂȘves. En parallĂšle, il fait des recherches sur la sexualitĂ© infantile, ce qui l’éloigne de son ami Joseph concept de transfert, c’est-Ă -dire de report de sentiments infantiles refoulĂ©s sur son entourage, sa thĂ©orie sur le complexe d’ƒdipe ainsi que les phases de la sexualitĂ© chez l’enfant sont thĂ©orisĂ©s dans cette pĂ©riode faste. Avec les publications successives de "De l’interprĂ©tation des rĂȘves" et de "Trois thĂ©ories sur la sexualitĂ©", Freud met ainsi au point une vĂ©ritable thĂ©orie qui lui vaut beaucoup de critiques parmi les mĂ©decins, mais qui aboutit aussi Ă  une vĂ©ritable Ă©cole oĂč l’on retrouve notamment Alfred Adler et Carl principaux conceptsSelon Freud, notre comportement est le rĂ©sultat d’une Ă©quation savamment orchestrĂ©e entre trois instances distinctes Le Ça il s’agit de manifestations somatiques agressives, sexuelles ; aspect instinctif et animal. Si le Ça est inaccessible Ă  la conscience, les symptĂŽmes de maladie psychique et les rĂȘves permettent d’en avoir un aperçu. Le Ça obĂ©it au principe de plaisir et recherche la satisfaction immĂ©diate, c’est une sorte de marmite oĂč bouillonnent tous nos dĂ©sirs Moi il est en grande partie conscient, c'est le reflet de ce que nous sommes en sociĂ©tĂ©. Il cherche Ă  Ă©viter les tensions trop fortes du monde extĂ©rieur, Ă  Ă©viter les souffrances grĂące notamment aux mĂ©canismes de dĂ©fense se trouvant dans la partie inconsciente de cette instance. Le Moi est l’entitĂ© qui rend la vie sociale possible. Il suit le principe de Surmoi il se constitue par diffĂ©renciation du Moi. C’est une modification du Moi par intĂ©riorisation des forces rĂ©pressives que l’individu a rencontrĂ© au cours de son dĂ©veloppement. En cas de conflit avec le Moi, son activitĂ© se manifeste par le dĂ©veloppement des Ă©motions qui se rattachent Ă  la conscience morale, principalement la culpabilitĂ©. Dans certaines nĂ©vroses, ce sentiment peut rendre la vie intolĂ©rable. Le Surmoi se forme, entre autres, par l’identification de l’enfant aux parents idĂ©alisĂ©s, normalement au parent du mĂȘme thĂ©rories sur la sexualitĂ© infantileC'est en psychanalysant des malades adultes que Freud a dĂ©couvert des Ă©vĂ©nements traumatisants ou des difficultĂ©s relationnelles survenues lors des premiĂšres annĂ©es de leur vie. Selon lui, toute la genĂšse de la personnalitĂ© s'explique en fonction du dĂ©veloppement de la pulsion sexuelle, ou libido. Il fit scandale en son temps lorsqu'il parla de "sexualitĂ© infantile", dont voici les diffĂ©rents stades Le stade oral de la naissance Ă  12-18 mois, la zone Ă©rogĂšne privilĂ©giĂ©e du bĂ©bĂ© est la bouche, notamment Ă  travers l'action de l'allaitement. Il prend plaisir Ă  tĂ©ter le sein de sa mĂšre. C'est le plaisir de manger et d'ĂȘtre stade anal l'enfant se focalise entre 18 mois et 3-4 ans sur la rĂ©gion rectale, le plaisir est gĂ©nĂ©rĂ© par le fait de retenir les matiĂšres fĂ©cales rĂ©tention ou de les expulser dĂ©fĂ©cation. C'est aussi Ă  ce moment que l'enfant entre en opposition constante, ce qui a parfois donnĂ© Ă  ce stade le nom de stade stade phallique Pour Freud, la structure de notre personnalitĂ© se crĂ©e par rapport au complexe d’ƒdipe et Ă  la fonction paternelle. Le complexe d’ƒdipe intervient au moment du stade phallique. Cette pĂ©riode se termine par l’association de la recherche du plaisir Ă  une personne extĂ©rieure, la mĂšre. Le pĂšre devient alors rival et l’enfant craint d’ĂȘtre puni de son dĂ©sir de la mĂšre, par la castration par le pĂšre. L’enfant refoule donc ses dĂ©sirs et alimente son Surmoi avec le concept de culpabilitĂ© et de pudeur entre travail sur les rĂȘvesPour Freud, son travail sur les rĂȘves est le plus important de tous. Ce sont des reprĂ©sentations de dĂ©sirs refoulĂ©s dans l’inconscient par la censure interne le Surmoi. Les dĂ©sirs se manifestent dans le rĂȘve de maniĂšre moins rĂ©primĂ©e qu'Ă  l'Ă©tat de veille. Le contenu manifeste du rĂȘve est le rĂ©sultat d'un travail intrapsychique qui vise Ă  masquer le contenu latent, par exemple un dĂ©sir oedipien. En cure de psychanalyse, le travail repose sur l'interprĂ©tation Ă  partir du rĂ©cit du rĂȘve. Les associations du patient sur son rĂȘve permettent de rĂ©vĂ©ler son contenu travail du rĂȘve repose sur quatre procĂ©dĂ©s Le rĂȘve est condensĂ©, car en une seule reprĂ©sentation seront concentrĂ©es plusieurs idĂ©es, plusieurs images, parfois des dĂ©sirs rĂȘve est dĂ©centrĂ©, le dĂ©sir dĂ©formĂ© sera fixĂ© sur un autre objet que celui qu'il vise, ou sur de multiples objets jusqu'Ă  l'Ă©parpillement. Il y a un dĂ©placement de l'accent rĂȘve est une illustration du dĂ©sir en ce qu'il ne l'exprime ni en mots ni en actes, mais en images. Ici joue le symbole la reprĂ©sentation substitutive de l'objet et du but du dĂ©sir est parfois typique et d'usage le rĂȘve est aussi le produit d'une activitĂ© Ă©galement inconsciente, mais s'efforce de lui donner une apparence de vraisemblance, d'organisation, de logique interne. C'est l'Ă©laboration principaux ouvragesLes principaux ouvrages de Freud qui ont marquĂ© leur temps - Cinq leçons sur la psychanalyse 1904, par Sigmund Freud, Yves Le Lay, et Serge JankĂ©lĂ©vitch - Payot 9 juin 2004.-Trois essais sur la thĂ©orie sexuelle 1905, par Sigmund Freud - Gallimard 28 septembre 1989.- NĂ©vrose, psychose et perversion, par Sigmund Freud - Presses Universitaires de France PUF, 12e Ă©d 1 aoĂ»t 1999.- Sur le rĂȘve, par Sigmund Feud - Gallimard 24 octobre 1990. -La naissance de la psychanalyse, par Sigmund Freud - Presses Universitaires de France PUF, janvier 1991. Cliniquepsychanalytique. QU’EST-CE QU’UN PÈRE ? La fonction paternelle pour la psychanalyse. Par CORON O. novembre 2014. C’est Ă  partir de mes propres questions sur la fonction paternelle que j’ai souhaitĂ© ce groupe de travail. Un groupe de travail en psychanalyse c’est un lieu oĂč on part d’une question et oĂč on ressort avec d Abstract Index Outline Author's notes Text Bibliography Notes References About the author Abstracts Il s’agit de tirer quelques enseignements de la discussion relativement oubliĂ©e, entre Claude LĂ©vi-Strauss et Jacques Lacan. Le problĂšme porte essentiellement autour de la dĂ©finition de la notion du symbolique pour les deux auteurs puisque cette notion est toujours paradigmatique dans les deux disciplines, que sont l’anthropologie et la psychanalyse, sans pour autant ĂȘtre vĂ©ritablement Ă©quivalente. Il s’agit d’éclairer ces rapports disciplinaires, tant au niveau Ă©pistĂ©mologique qu’au niveau historique, notamment Ă  partir des donnĂ©es de la clinique psychanalytique, comparables, dans une certaine mesure, aux problĂšmes relatifs au terrain ethnographique. Car au delĂ  de leurs diffĂ©rences, la psychanalyse et l’anthropologie, n’ont‑elles pas en partage le paradigme symbolique contre le rĂ©ductionnisme naturaliste ou cognitivo‑comportemental qui prĂ©tend aujourd’hui monopoliser l’espace de la lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mique ? This article aims to draw some lessons from a relatively forgotten discussion between Claude LĂ©vi-Strauss and Jacques Lacan. The problem is essentially that of the definition of the symbolic order symbolique. Indeed, this notion is always paradigmatic in their respective disciplines, without really being equivalent. Beyond their differences, do not psychoanalysis and anthropology share the symbolic paradigm against a naturalist or cognitive-behavioural reductionism that claims nowadays to monopolize the space of epistemic legitimacy? The article aims to clarify these disciplinary relations, on the epistemic level well as on the historical level, in particular using data from psychoanalytical psychiatry, which are partly comparable to problems relating to ethnographic fieldwork. Top of page Author's notes Je remercie chaleureusement RĂ©mi Bordes, sans qui, le prĂ©sent article n’aurait pas pu voir le jour, ni mĂȘme ĂȘtre Ă©crit. Ce dernier s’inscrit dans l’ouvrage collectif qu’il a dirigĂ©, Dire les maux 2008. Full text J’ai posĂ© la question suivante – le fonctionnement de la PensĂ©e sauvage, mis par LĂ©vi‑Strauss Ă  la base des statuts de la sociĂ©tĂ©, est un inconscient, mais suffit‑il Ă  loger l’inconscient comme tel ? Et s’il y parvient, loge‑t‑il l’inconscient freudien ? Lacan, 1990 [1964] 1 Nous entendons le terme de symbolique, ou de paradigme symbolique », au sens gĂ©nĂ©ral oĂč il s’op ... 1On a souvent tendance Ă  oublier qu’à cette charniĂšre du XIXe et du XXe siĂšcle qui voit l’avĂšnement de nos sciences humaines actuelles, il Ă©tait alors question plutĂŽt de sciences de l’homme » et non pas de sciences humaines ». Le glissement sĂ©mantique, on le sait, a toute son importance puisqu’il signe un changement de paradigme celui d’une anthropologie biologique Ă  une anthropologie qui s’intĂ©resse Ă  la dimension symbolique1. 2 D’aprĂšs ces doctrines, le trouble psychique Ă©tait dĂ» Ă  processus neuro‑dĂ©gĂ©nĂ©ratif. 3 Il faut rappeler que Durkheim, fondateur de la sociologie, tout comme Ribot, fondateur de la psyc ... 2Or historiquement, la psychanalyse occupe une place assez singuliĂšre parmi les autres sciences humaines » elle se tient, pourrait‑on dire, sur le front » d’un champ de bataille par lequel celles‑ci se dĂ©tachĂšrent du paradigme naturaliste. En effet, Ă  l’époque de Freud, le monopole de la lĂ©gitimitĂ© psychiatrique Ă©tait dĂ©tenu par une clinique biomĂ©dicale dominĂ©e par la doctrine de la dĂ©gĂ©nĂ©rescence de Kraepelin, la psychophysiologie et le scientisme en gĂ©nĂ©ral2. LĂ  oĂč par dĂ©finition, l’on n’avait affaire qu’à des corps‑objets » ou Ă  des comportements, la psychanalyse va s’occuper de la parole du sujet » et introduire la dimension du symbolique. DĂšs son apparition, cette discipline eut certainement, plus que toute autre de ses consƓurs, Ă  croiser le fer avec les conceptions naturalistes ou scientistes qui constituaient par dĂ©finition l’horizon Ă©pistĂ©mologique, oĂč pourtant elle entendait se dĂ©ployer – rappelons que Freud, contrairement Ă  la plupart des fondateurs des sciences humaines, n’était pas philosophe3, mais mĂ©decin, et il en fut de mĂȘme pour Lacan. À cet Ă©gard, l’avĂšnement de l’anthropologie culturelle relĂšve davantage d’une coupure Ă©pistĂ©mologique et institutionnelle que du combat de rue » que dĂ»t mener dans son domaine la psychanalyse, et qu’elle doit mener encore Ă  l’heure actuelle pour exister elle est d’abord et toujours une immixtion dans le terrain de la psychiatrie biomĂ©dicale, elle est aussi un geste critique contre tout rĂ©ductionnisme scientifique, fĂ»t‑il aujourd’hui comportemental ou cognitiviste. C’est Ă  partir de cette idĂ©e selon laquelle il existe une certaine exemplaritĂ© Ă©pistĂ©mologique de sa situation que nous souhaitons commencer notre investigation. 3En effet, si l’on admet que la psychanalyse, plus que toute autre discipline, eut Ă  s’affronter aux rĂ©ductionnismes et aux scientismes de toutes sortes et que c’est sa condition mĂȘme, l’élucidation de cette situation, tout en jetant quelques lumiĂšres sur la nature de son paradigme symbolique », ne pourrait‑elle pas, par la mĂȘme occasion, jeter aussi quelques lumiĂšres sur le paradigme symbolique » anthropologique ? Car s’il est vrai que le symbolique » du psychanalyste n’est pas exactement la mĂȘme chose que le symbolique » de l’anthropologue, et que se marque par lĂ  une grande partie de leurs diffĂ©rences disciplinaires que tous deux dĂ©fendent bien souvent becs et ongles », il n’en demeure pas moins que tous deux reconnaissent Ă  cette catĂ©gorie une valeur Ă©pistĂ©mologique fondamentale, ne serait‑ce, a minima, que pour se distinguer des perspectives naturalistes, biomĂ©dicales et scientistes. Donc, qu’en est‑il de cette notion de symbolique » que manipule aussi bien l’anthropologue que le psychanalyste ? Il semble important de revenir aux fondements de ce paradigme, dans la mesure oĂč il est ce qui les rassemble, d’un certain point de vue, en une mĂȘme communautĂ© scientifique ». 4 La citation complĂšte mĂ©rite l’attention pour donner un aperçu de son propos Il n’y a pas d’au ... 5 Sur ces questions on se reportera Ă  l’excellente critique de Bernard Juillerat 2001 9-38 conc ... 6 C’est notamment le cas du trĂšs mĂ©diatisĂ© Livre noir de la psychanalyse oĂč les auteurs, aprĂšs avoi ... 7 Comment ne pas voir que les rĂ©cents dĂ©bats autour de l’efficacitĂ© thĂ©rapeutique de la psychanalys ... 4Enfin, last but not least, ce questionnement Ă©pistĂ©mologique fondamental, au‑delĂ  de son intĂ©rĂȘt spĂ©cifique, paraĂźt d’autant plus pertinent qu’on assiste aujourd’hui prĂ©cisĂ©ment Ă  ce qu’il faut bien appeler une renaissance du scientisme. Si les sciences humaines purent s’en dĂ©faire au cours de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle comme nous l’avons Ă©voquĂ©, force est de constater qu’il est de nouveau de mode dans toutes les disciplines. On le trouve aussi bien Ă  l’Ɠuvre dans l’anthropologie cognitiviste, telle celle que Dan Sperber dĂ©veloppe depuis les annĂ©es 90 Sperber, 1987, 1996, et selon laquelle il n’y a pas d’exception aux lois de la physique » puisque dans le social, on est confrontĂ© au mĂȘme matĂ©riel »4 de telles dĂ©clarations laissent songeur
5, qu’en psychologie, oĂč se dĂ©veloppe l’approche cognitivo‑comportementaliste. Par exemple, pour Varela ou Dortier, l’inconscient ne peut ĂȘtre que cognitif, c’est‑à‑dire confondu avec les automatismes mentaux » Dortier, 1999 ; Varela, Thompson & Rosch, 1999. Il est Ă©vident que ces courants relĂšvent d’un phĂ©nomĂšne rĂ©pandu. Il s’agit explicitement d’éradiquer la psychanalyse du champ de la lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mologique et clinique6, tout comme l’anthropologie cognitive cherche Ă  arraisonner l’anthropologie culturelle et symbolique. Et n’est‑ce pas ce que fait aussi la biomĂ©decine lorsque, contre l’anthropologie mĂ©dicale, elle prĂ©tend garder le monopole de la lĂ©gitimitĂ© thĂ©rapeutique ? Ce sont les mĂȘmes tendances que l’on constate dans le champ psy » et dans le champ anthropologique7. Les interrogations Ă©pistĂ©mologiques que nous tenterons de soulever sont donc d’autant plus d’actualitĂ© que tous ces nouveaux » courants partagent un certain idĂ©al de science avec les sciences naturelles, duquel nos disciplines se distinguent. Ce questionnement sur le paradigme symbolique s’inscrit dans une certaine urgence par rapport Ă  un contexte thĂ©orique et politique dont on comprendra que l’on ne pouvait le passer sous silence. 8 C’est le cas d’une lecture qui semble devenir frĂ©quente et qui, mĂȘme si elle est incontestablemen ... 9 En effet, les rapports de Lacan Ă  LĂ©vi‑Strauss ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remarquablement explorĂ©s mais de mani ... 5Il se trouve que la dĂ©finition de cette fonction symbolique » fut discutĂ©e par deux des figures les plus illustres de l’anthropologie et de la psychanalyse Lacan et LĂ©vi‑Strauss. On a gĂ©nĂ©ralement coutume d’associer ces deux Ɠuvres sous la houlette du paradigme structuraliste8 ainsi certaines divergences pourtant essentielles, qui tiennent Ă  une certaine vision du langage, des mots et de leur rapport Ă  la vĂ©ritĂ©, ne sont pas explorĂ©es9. C’est la raison pour laquelle nous reprendrons certains aspects mĂ©connus de la discussion disciplinaire qui eut lieu entre Lacan et LĂ©vi‑Strauss, autour de la dĂ©finition de cette fonction symbolique ». PrĂ©cisons d’emblĂ©e qu’il ne s’agit Ă©videmment pas de rĂ©duire l’anthropologie Ă  LĂ©vi‑Strauss, ni la psychanalyse Ă  Lacan il s’agit simplement de reprendre un dĂ©bat dont certains aspects semblent relativement oubliĂ©s, alors qu’ils sont nĂ©anmoins sans doute des plus fructueux et des plus propices pour tenter d’éclairer certains problĂšmes Ă©pistĂ©mologiques fondamentaux dans nos disciplines, et notamment celle de leur scientificitĂ©. 10 On ne prĂ©sentera pas ici l’ensemble des recherches d’anthropologie psychanalytique qui furent men ... 6Les rapports de l’anthropologie et de la psychanalyse, on le sait, furent houleux, parfois fĂ©conds10. Malheureusement, ils furent le plus souvent de part et d’autres marquĂ©s par le sceau du soupçon. Pourtant, on ne peut nier une certaine similaritĂ© entre les deux dĂ©marches la situation ethnographique vise Ă  explorer les contextes qui permettent de rendre intelligibles les savoirs et les pratiques d’un groupe social ; l’approche analytique opĂšre, en quelque sorte, de la mĂȘme maniĂšre par rapport au sujet car qu’est‑ce donc que la clinique sinon son terrain » ? 11 Depuis L’oedipe africain d’Ortigues 1966 la psychanalyse inspirĂ©e de Lacan n’a pas exprimĂ© gran ... 7Une des rĂ©centes tentatives pour fonder une nouvelle anthropologie psychanalytique » a proposĂ© un socle Ă©pistĂ©mologique Ă  partir duquel il s’agissait de dĂ©finir la pertinence d’un croisement des deux disciplines Bidou, 2001 ; Juillerat, 2001 ; Galinier, 1997. Mais tout en reconnaissant le mĂ©rite Ă©vident de ce projet, on remarque que cette initiative Ă©mane d’abord d’anthropologues qui s’intĂ©ressent Ă  la psychanalyse, et non l’inverse. C’est ainsi que leur point de vue n’est pas d’abord clinique, ce que l’on ne saurait Ă©videmment leur reprocher. De plus, la rĂ©fĂ©rence Ă  Lacan est relativement peu exploitĂ©e11. Or, sans pour autant succomber au lacano‑centrisme », nous voudrions montrer ici que, dans la clinique telle que l’élabora Lacan, rĂ©sident des enjeux Ă©pistĂ©mologiques cruciaux et assez irrĂ©ductibles concernant la nature du symbolique ». Loin de pouvoir ĂȘtre rapportĂ©s Ă  l’épistĂ©mologie de LĂ©vi‑Strauss, ces deniers ne sont pas sans rappeler les questionnements rĂ©flexifs relatifs Ă  l’obtention des donnĂ©es de terrain soulevĂ©es par les anthropologues contemporains. 12 On pense ici notamment Ă  l’ouvrage de Favret‑Saada qui fit date, Les mots, la mort, les sorts l ... 8En effet, pour Ă©rudits qu’il furent, les anthropologues fondateurs, Ă©taient avant tout des anthropologues de cabinet » ils compilaient les donnĂ©es collectĂ©es par d’autres, Ă  partir desquelles ils Ă©chafaudaient leurs thĂ©ories. Or cette posture mĂ©thodologique » ne fut pas sans effet, et c’est peut‑ĂȘtre l’anthropologie contemporaine ou plus particuliĂšrement celle que l’on appelle postmoderne – Favret-Saada, 197712 qui dĂ©masqua le plus brillamment les illusions de l’ancienne mĂ©thode en exhibant les questions problĂ©matiques du terrain ethnographiques. Non seulement les catĂ©gories sociales classiques ne sont pas lĂ©gitimes puisqu’elles tendent Ă  rĂ©ifier les agents sociaux, mais de surcroĂźt ces derniers s’avĂšrent aussi ĂȘtre des acteurs capables de stratĂ©gies et impliquĂ©s dans des jeux de langage dans lequel l’ethnologue, lui‑mĂȘme, se trouve pris. Or, on peut avancer qu’à l’instar du terrain ethnographique tel qu’il se pratique aujourd’hui, la possibilitĂ© de toute clinique repose prĂ©cisĂ©ment sur de semblables jeux de langage et sur la place qu’y prennent le sujet et son analyste. On pourrait dire que, en quelque sorte, c’est ce que Lacan explorera notamment sous le thĂšme de l’éthique de la psychanalyse ». Mais ce questionnement n’était-il pas inĂ©luctable Ă  partir du moment oĂč le pĂšre fondateur de la psychanalyse, invente sa discipline prĂ©cisĂ©ment au contact de son terrain », la clinique de l’hystĂ©rie Freud, 1895 ? 13 Mieux encore, comme on le sait, elle‑mĂȘme en dĂ©pend la production des faits de laboratoire s’in ... 9De ce dernier point de vue, on ne peut nier que l’approche biomĂ©dicale comme l’approche cognitivo‑comportementale du sujet semblent bien Ă©loignĂ©es de cette commune perspective d’une part, elles ne permettent pas de rendre compte de la complexitĂ© Ă©laborĂ©e par les acteurs sociaux, complexitĂ© qui s’inscrit d’abord dans des faits de langage, de langue et de parole13; d’autre part, elles nient leur place subjective. Ces approches se rĂ©vĂšlent en cela dĂ©positaires d’une conception Ă©pistĂ©mologique dangereusement naĂŻve, dont on verra que la conception de la fonction symbolique de LĂ©vi‑Strauss n’est pas exempte. En d’autres termes, lĂ  oĂč LĂ©vi‑Strauss Ă©choue comme le montra la critique postmoderne, Lacan reste d’actualitĂ©. 10Nous rappellerons d’abord les enseignements de l’expĂ©rience clinique psychanalytique sur la question de la parole du sujet. Puis nous aborderons la conception du symbolique chez LĂ©vi‑Strauss que nous comparerons avec celle de Lacan. Enfin, nous essaierons de dĂ©gager quelques perspectives Ă  partir des avancĂ©s proposĂ©es par l’anthropologie postmoderne et leurs implications pour la psychanalyse dans un ultime renversement si la psychanalyse traque les illusions, ne peut‑on pas voir, en regard de certaines recherches contemporaines, qu’elle n’en n’est pas elle‑mĂȘme exempte ? La parole du sujet 14 Comme nous le verrons Lacan dĂ©veloppe un certain rapport de la psychanalyse Ă  la science. Il ne s ... 11Il y a une chose de laquelle le psychanalyste ne saurait se dĂ©tourner sans se renier lui‑mĂȘme la clinique. C’est certainement un curieux paradoxe, comme nous l’avons indiquĂ© en prĂ©ambule, que la clinique psychanalytique ait pu apparaĂźtre, puis fleurir », sur la terre aride d’une psychiatrie exclusivement biomĂ©dicale. Si le scientisme imposait au mĂ©decin cet Ă©tonnant mĂ©pris de la rĂ©alitĂ© psychique [
], c’est aussi d’un mĂ©decin que devait venir la nĂ©gation du point de vue lui-mĂȘme »14 en tant qu’il est le praticien par excellence de la vie intime » Lacan, 1966b. C’est Freud, qui fit ce pas fĂ©cond sans doute parce qu’ainsi qu’il en tĂ©moigne dans son autobiographie, il y fut dĂ©terminĂ© par son souci de guĂ©rir [
] » idem. 12Aussi, Ă  l’instar des autres sciences humaines, la psychanalyse se dĂ©tache du paradigme anthropologique naturaliste de l’époque pour des raisons singuliĂšres il s’agit des exigences cliniques. Freud prend au sĂ©rieux la plainte de ses patientes, et paradoxalement ce sont elles qui vont l’enseigner. L’évanouissement de ses patientes ne relĂšve pas d’une causalitĂ© organique, il s’agit en quelque sorte d’une maladie par reprĂ©sentation » Laplanche & Pontalis, 1967 qui se caractĂ©rise par le mĂ©canisme de conversion » Freud, 1894 [
] ce qui spĂ©cifie les symptĂŽmes de la conversion, c’est leur signification symbolique ils expriment par le corps, des reprĂ©sentations refoulĂ©es » Laplanche & Pontalis, op. cit.. 13C’est ainsi qu’aprĂšs l’hypnose et l’enjeu cathartique de la cure, afin de s’écarter de la suggestion, c’est la talking cure qui s’impose. Seule la parole tĂ©moigne de la rĂ©alitĂ© psychique de l’hystĂ©rique. Ainsi, il va leur rendre la dignitĂ© de sujet de laquelle elles Ă©taient gĂ©nĂ©ralement dĂ©chues dans ces lieux en les Ă©coutant. 15 Cette affirmation mĂ©riterait bien entendu de plus longs dĂ©veloppements, que nous n’avons pas les ... 16 C’est‑à‑dire au sens oĂč l’on parle d’une science physique. 14Cette attention au sujet est le rĂ©quisit clinique de la psychanalyse. L’introduction de la dimension symbolique en tant que causalitĂ© irrĂ©ductible Ă  une causalitĂ© organique au sein de l’institution asilaire passe par la figure du psychanalyste, et plus tard du psychologue. C’est lĂ , en quelque sorte, un humanisme le psychanalyste est un humaniste Ă  l’hĂŽpital, ce qui est une vĂ©ritable rĂ©volution copernicienne dans le champ des pratiques asilaires15. Ainsi, si l’écoute psychanalytique ne se fait pas au hasard, elle ne relĂšve pas de la science au sens moderne du terme16. Elle semble mĂȘme revĂȘtir certains aspects anti-mĂ©thodiques Nous ne devons attacher d’importance particuliĂšre Ă  rien de ce que nous entendons et il convient que nous prĂȘtions Ă  tout la mĂȘme attention "flottante", suivant l’expression que j’ai adoptĂ©. On Ă©conomise ainsi un effort d’attention
 et on Ă©chappe ainsi au danger insĂ©parable de toute attention voulue, celui de choisir parmi les matĂ©riaux fournis. C’est en effet ce qui arrive quand on fixe Ă  dessein son attention l’analyste grave en sa mĂ©moire tel point qui le frappe en Ă©limine tel autre, et ce choix est dĂ©terminĂ© par des expectatives et des tendances. C’est justement ce qu’il faut Ă©viter ; en conformant son choix Ă  son expectative, l’on court le risque de ne trouver que ce que l’on savait d’avance. En obĂ©issant Ă  ses propres inclinations, le praticien falsifie tout ce qui lui est offert » Freud, 1999. 15En d’autres termes, cette mĂ©thode particuliĂšre d’écoute place la psychanalyse dans un rapport au savoir et Ă  la science qui est inĂ©dit. En effet, le mĂ©decin doit faire fi de son savoir pour s’ouvrir Ă  la singularitĂ© du sujet, Ă  sa vĂ©ritĂ©, et dans cette quĂȘte, la parole seule est son alliĂ©. Le thĂ©rapeute n’est pas l’heureux bĂ©nĂ©ficiaire d’une science qui correspondrait au rĂ©el de la souffrance qui se prĂ©sente Ă  lui et qu’il conviendrait, suivant certains arrangements, d’ajuster ici et lĂ , en fonction de la particularitĂ© d’un sujet. À l’instar d’un certain nombre de philosophies classiques du doute de Descartes, Ă  l’épochĂš d’Husserl, le geste de l’analyste est celui de la suspension du savoir admis. Celui‑ci, pour entendre et bien entendre c’est‑à‑dire Ă©couter, doit oublier son savoir, en faire table rase. Loin d’incarner le maĂźtre des significations qui trĂŽnerait en majestĂ© du haut de son savoir, loin d’ĂȘtre le dĂ©positaire d’un sens qui pourrait se rĂ©soudre dans une Ă©conomie enfin rĂ©alisĂ©e, il est, lui aussi, partie de cet espace qui s’inaugure dans la sĂ©ance. Le psychanalyste ne peut, tel Ulysse attachĂ© Ă  son mĂąt, jouir du spectacle des sirĂšnes sans risques et sans en accepter les consĂ©quences » Blanchot citĂ© par Barthes, 1995b. L’espace analytique n’appartient pas en propre Ă  l’analyste mais le dĂ©passe dans un je‑ne‑sais‑quoi » mais c’est dans cette irrĂ©ductibilitĂ© que la guĂ©rison pourra trouver ses voies Ă  venir. Le savoir ne rĂ©sout pas la clinique, la pratique lui Ă©chappe inlassablement. Ainsi, si le savoir psychanalytique possĂšde quelque consistance, il la trouve parce qu’il est ouvert sur une pratique qui le met toujours en demeure. 16C’est la raison pour laquelle l’association libre implique de tout dire » selon une loi de non‑omission dans la mesure oĂč tout Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre porteur de signification loi de non systĂ©matisation. On ne peut nier que les rĂšgles de cette Ă©coute vont Ă  l’encontre de l’idĂ©al de science. GuĂ©rir par les mots, c’est une activitĂ© par oĂč [
] il faut reconnaĂźtre l’intelligence mĂȘme de la rĂ©alitĂ© humaine, en tant qu’elle s’applique Ă  la transformer » Lacan, 1966b. Le psychanalyste cherche Ă  apprendre et Ă  faire apprendre au sujet Ă  reconnaĂźtre son histoire. Il s’agit, ni plus ni moins d’ [
] aider le sujet Ă  parfaire l’historisation actuelle des faits qui ont dĂ©terminĂ© dĂ©jĂ  dans son existence un certain nombre de tournants historiques. Mais s’ils ont eu ce rĂŽle, c’est dĂ©jĂ  en tant que faits d’histoire, c’est‑à‑dire en tant que faits reconnus dans un certain sens ou censurĂ©s dans un certain ordre » Lacan, 1966a. Ainsi, l’écoute psychanalytique suppose que le psychanalyste sache entendre ce que le discours du patient veut dire un silence peut devenir signifiant, le rĂ©cit d’une histoire quotidienne peut ĂȘtre pris pour un apologue et un lapsus peut ĂȘtre la marque d’un dĂ©sir. On parlera de la ponctuation » heureuse du psychanalyste qui vient faire signe au discours du patient afin de porter Ă  sa conscience les nƓuds par lesquels il se trouve coincĂ© ». La raison en est que l’inconscient est le chapitre censurĂ© de l’histoire du sujet. Ainsi l’anamnĂšse psychanalytique, les conjectures sur le passĂ© du patient n’ont d’autre but que de libĂ©rer l’avenir, de dĂ©nouer la souffrance l’effet d’une parole pleine est de rĂ©ordonner les contingences passĂ©es en leur donnant le sens des nĂ©cessitĂ©s Ă  venir, telles que le constitue le lieu par oĂč le sujet les fait prĂ©sentes » ibid..C’est lĂ  tout le propos de la psychanalyse reconstruire l’histoire du sujet dans sa parole. Car ni le dĂ©sir, ni l’histoire ne sont dĂ©terminĂ©s par la nature. Les pĂ©ripĂ©ties de la subjectivitĂ© ne sont que des stigmates historiques et jamais des stades instinctuels. Dans cette hĂŽtellerie du signifiant » l’écoute du psychanalyste aboutit Ă  une reconnaissance celle du dĂ©sir de l’autre Barthes, 1995a. 17On voit bien que l’espace analytique est irrĂ©ductible au savoir qui pourtant a permis de l’ouvrir. C’est sous le signe de la singularitĂ© que se joue la thĂ©rapie, et c’est sous ce signe Ă©trange, qui traverse dans son entier le corps de l’espace analytique, que le thĂ©rapeute lui‑mĂȘme se trouve. On pourrait mĂȘme dire, non sans quelque provocation, que lui et son patient s’y trouvent de ce point de vue logĂ©s Ă  la mĂȘme enseigne. 18Ainsi, [
] l’expĂ©rience analytique n’est pas dĂ©cisivement objectivable. Elle implique toujours au sein d’elle‑mĂȘme l’émergence d’une vĂ©ritĂ© qui ne peut ĂȘtre dite, puisque ce qui la constitue c’est la parole, et qu’il faudrait en quelque sorte dire la parole elle-mĂȘme, ce qui est Ă  proprement parler ce qui ne peut pas ĂȘtre dit en tant que parole » Lacan, 1953. Il y a donc une disjonction entre le savoir scientifique » et la vĂ©ritĂ© de la parole », qui est au cƓur de la clinique psychanalytique et qui se trouve posĂ©e comme condition de son avĂšnement. 19Évidemment, une telle prĂ©sentation de la psychanalyse Ă©loigne grandement celle‑ci de l’anthropologie classique. La psychanalyse s’occupe de la singularitĂ© du sujet, dans un savoir dont la formalisation scientifique semble bien dĂšs lors s’avĂ©rer impossible, alors que l’anthropologie s’occupe des reprĂ©sentations collectives, dont elle prĂ©tend ĂȘtre Ă  mĂȘme de rendre compte, voire de formaliser. DĂšs lors, si la psychanalyse ne relĂšve pas du savoir de la science, on comprend qu’elle puisse ĂȘtre conçue par l’anthropologie comme une pratique qui relĂšve d’une simple efficacitĂ© symbolique », au mĂȘme titre que de nombreuses autres institutions humaines que l’anthropologue est amenĂ© Ă  dĂ©crire. Nous commençons par lĂ  Ă  entrer dans le cƓur de ce que nous appellerons volontairement la polĂ©mique » de Lacan et de LĂ©vi‑Strauss. En choisissant un tel terme, il s’agit de se dĂ©marquer de l’idĂ©e selon laquelle ces deux auteurs seraient en accord ou que l’on pourrait ramener l’un Ă  l’autre. À mettre trop l’accent sur un certain structuralisme thĂ©orique qu’ils partagĂšrent un temps, on oublie qu’ailleurs se jouaient certaines diffĂ©rences essentielles qui allaient marquer le destin des disciplines. Le chaman et le psychanalyste anthropologie de la psychanalyse 17 Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences, ces deux auteurs plutĂŽt tenus Ă  l’écart du dĂ©bat aujourd’hui post ... 20La rĂ©fĂ©rence est connue. LĂ©vi‑Strauss fait une comparaison du chaman avec le psychanalyste en 1949 dans un article intitulĂ© L’efficacitĂ© symbolique », qu’il dĂ©die Ă  Ferdinand de Saussure 1949a. ConfrontĂ© Ă  la mystĂ©rieuse efficacitĂ© de la cure chamanique, l’anthropologue dĂ©veloppe une explication intellectualiste, s’écartant des approches anthropologiques classiques de la magie des annĂ©es trente LĂ©vy‑Bruhl, 1922 ; De Martino, 199917. 21La cure opĂ©rĂ©e par le chaman consiste, selon LĂ©vi‑Strauss, Ă  rendre pensable » et acceptable » une situation insupportable pour le patient qui souffre » dans son corps. L’intervention du chaman va consister Ă  intervenir de telle sorte Ă  rĂ©soudre le conflit. Pour LĂ©vi‑Strauss, le chaman est une sorte de mĂ©diateur entre le rĂ©el d’un corps qui souffre et le dĂ©sarroi psychique du malade. Il s’agit pour lui, par le truchement de son discours mythologique, de donner une forme narrative Ă  la maladie rĂ©elle. Que la mythologie du chaman ne corresponde pas Ă  une rĂ©alitĂ© objective ne compte pas, rajoute LĂ©vi‑Strauss ce qui compte, c’est que le malade et la communautĂ© y croient. 22Alors que dans la biomĂ©decine, l’explication faite au patient de la cause de son dĂ©sordre, recourant Ă  des Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs comme les sĂ©crĂ©tions et les microbes, induit peu d’effets sur sa guĂ©rison, le discours mythologique du chaman qui dĂ©signe monstres et esprits malfaisants comme cause de la maladie, lui, guĂ©rit. Étrange paradoxe, commente LĂ©vi‑Strauss, dont la raison tient Ă  ce que dans un cas les relations de cause Ă  effet sont extĂ©rieures Ă  l’esprit du patient, tandis que dans l’autre les relations de cause Ă  effet sont internes Ă  l’esprit. Le chaman fournit Ă  sa patiente un langage qui permet de symboliser la souffrance. Alors que celle‑ci Ă©tait inexplicable, qu’elle venait perturber l’ordre naturel, l’intervention du chaman consiste Ă  la rĂ©inscrire dans l’ordre symbolique. Le chaman, par l’expression verbale et l’expĂ©rience que permet son intervention, procĂšde ni plus ni moins Ă  une rĂ©organisation symbolique qui a pour issue un dĂ©blocage du processus physiologique. 18 Le concept d’abrĂ©action se trouve essentiellement valorisĂ© dans les premiĂšres Ă©laborations thĂ©ori ... 23Ces considĂ©rations sur l’efficacitĂ© symbolique de la cure chamanique amĂšnent LĂ©vi‑Strauss Ă  la comparer aux ressorts de la technique psychanalytique freudienne. En effet, ne se propose t‑on pas dans les deux cas d’amener Ă  la conscience des conflits et des rĂ©sistances restĂ©s jusque-lĂ  inconscients ? Dans les deux cas, la rĂ©solution des conflits ne se fait pas en raison de la connaissance de la cause objective de la maladie, mais bien grĂące Ă  une expĂ©rience au cours de laquelle les Ă©vĂ©nements se rĂ©alisent dans un ordre et sur un plan qui permettent leur libre dĂ©roulement et conduisent Ă  leur dĂ©nouement ». Cette expĂ©rience vĂ©cue en psychanalyse, poursuit LĂ©vi‑Strauss, s’appelle abrĂ©action »18. Le psychanalyste intervient de maniĂšre non provoquĂ©e » par l’intermĂ©diaire du transfert dans les conflits du malade. Il peut dĂšs lors expliciter une situation restĂ©e informulĂ©e. Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences que LĂ©vi‑Strauss ne nie pas dans un premier temps le chaman est un orateur », tandis que le psychanalyste est un auditeur » d’aprĂšs lui, et que, d’autre part, le nĂ©vrosĂ© liquide un mythe individuel » lorsque l’indigĂšne se rĂ©inscrit dans une mythologie collective », nous retrouvons donc dans la figure du psychanalyste le mĂȘme opĂ©rateur que dans celle du chaman. Tous deux agissent en raison du ressort de l’efficacitĂ© de la fonction symbolique. Mais comment rendre compte de l’harmonie du parallĂ©lisme entre mythe et opĂ©rations rĂ©elles ? Comment expliquer que la narration mythologique puisse agir dans la rĂ©alitĂ© objective ? 24Pour rĂ©pondre Ă  cela, LĂ©vi‑Strauss fait l’hypothĂšse d’un isomorphisme anthropologique l’efficacitĂ© symbolique consisterait prĂ©cisĂ©ment dans cette propriĂ©tĂ© inductrice que possĂ©derait les unes par rapports aux autres, des structures formellement homologues pouvant s’édifier, avec des matĂ©riaux diffĂ©rents, aux diffĂ©rents Ă©tages du vivant processus organique, psychisme inconscient, pensĂ©e rĂ©flĂ©chie. La mĂ©taphore poĂ©tique fournit un exemple familier de ce procĂ©dĂ© inducteur » 25LĂ©vi-Strauss ose lĂ  une certaine audace Ă©pistĂ©mologique, en Ă©voquant un tel procĂ©dĂ© inducteur ne pourrait‑on pas parler Ă  cet Ă©gard de mythopoiĂšsis » au sens oĂč en un certain point la nature les processus organiques rejoint les dĂ©terminismes symboliques de la culture ? Évoquant la thĂ©orie linguistique du rapport de signifiant au signifiĂ© pour rendre compte de la relation de l’efficacitĂ© symbolique comme relation de symbole Ă  chose symbolisĂ© », la question porte peut‑ĂȘtre ici sur le statut du signifiĂ© chez LĂ©vi‑Strauss. LĂ©vi‑Strauss ne suppose t-il pas en effet dans une certaine mesure la possibilitĂ© d’un signifiĂ© de la nature » ? Pour sa part, si la psychanalyse ne rĂ©cuse pas la mĂ©taphore poĂ©tique, la question se pose de sa dĂ©termination ou de son extension. 26TrĂšs tĂŽt, Lacan va prĂ©ciser sa position sur cette question du dĂ©terminisme symbolique tout d’abord, comme nous allons le voir, en complexifiant le symbolique promut par LĂ©vi‑Strauss en introduisant sa catĂ©gorie de l’imaginaire, espace irrĂ©ductible du sujet ; puis en dĂ©veloppant la question du symbolique comme relevant exclusivement du langage, de la parole, ou du signifiant. C’est ainsi qu’il coupera court Ă  la causalitĂ© biologique lĂ  oĂč l’on va voir que LĂ©vi‑Strauss penche sĂ©rieusement en la faveur des processus organiques ». Nous allons suivre pas Ă  pas l’émergence de ce dĂ©saccord. La rĂ©ponse » de Lacan parole du sujet et langage de la science en psychanalyse 27DĂšs Le stade du miroir
 » de 1949, Lacan introduit la notion d’efficacitĂ© symbolique » de LĂ©vi‑Strauss. Mais il commence dĂ©jĂ  Ă  la dĂ©former ». S’agit‑il par lĂ  pour Lacan de rĂ©sister Ă  la tentation naturaliste de LĂ©vi‑Strauss ? Toujours est‑il qu’il complexifie le problĂšme en introduisant une nouvelle dimension la dimension imaginaire » qui a rapport Ă  la relation narcissique ou Ă  l’origine imaginaire du moi il s’agit du fameux stade du miroir ». On remarquera que cette notion d’ imaginaire » n’exclut pas la dimension du symbolique » mais s’y articule. On peut dire que la notion d’imaginaire permet Ă  Lacan de dĂ©placer le problĂšme quant Ă  la nature de la dimension symbolique, tout en spĂ©cifiant le levier opĂ©ratoire de la psychanalyse. Il y a pour lui une fonction inaugurale de l’image spĂ©culaire chez l’homme qui spĂ©cifie son rapport Ă  la nature » et du mĂȘme coup l’en Ă©loigne radicalement. Lacan rĂ©pond donc indirectement Ă  l’hypothĂšse de l’isomorphisme de maniĂšre tranchĂ©e À ce point de jonction de la nature et la culture que l’anthropologie de nos jours scrute obstinĂ©ment, seule la psychanalyse reconnaĂźt ce nƓud de servitude imaginaire que l’amour doit toujours redĂ©faire ou trancher » Lacan, 1966d. 19 » Pour les imagos, en effet, dont c’est notre privilĂšge que de voir se profiler, dans notre expĂ©r ... 28La relation de l’homme Ă  la nature est d’abord marquĂ©e par une discontinuitĂ©. Il s’agit d’une discorde primordiale » dont la psychanalyse a le privilĂšge d’apercevoir les mĂ©canismes dans la pĂ©nombre de l’efficacitĂ© symbolique »19. En d’autres termes, pour rendre compte de l’efficacitĂ© symbolique on ne saurait se passer de l’imaginaire du sujet. L’imaginaire lacanien est donc en quelque sorte une complexification du paradigme symbolique. 29S’il n’est pas lieu ici de rentrer dans la spĂ©cificitĂ© des catĂ©gories lacaniennes, ni de suivre leur Ă©volution, on peut en revanche remarquer que le dĂ©placement du concept d’efficacitĂ© symbolique lĂ©vi‑straussien sera solidaire d’une critique de l’idĂ©al de science que Lacan ne cessera de dĂ©velopper en mĂȘme temps qu’il prĂ©cisera le statut de la psychanalyse par rapport Ă  la science. Certains problĂšmes se posent en effet si le sujet est d’abord le rĂ©sultat d’Imagos, qu’en est‑il de la nature du discours qui prĂ©tend rendre compte de ces Imagos ? La fonction symbolique ainsi dĂ©viĂ©e et couplĂ©e Ă  une dimension imaginaire par la psychanalyse, peut‑elle encore prĂ©tendre Ă  une quelconque lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mologique, si la vĂ©ritĂ© dĂ©pend toujours avant tout d’un sujet ? Sans succomber Ă  la tentation hermĂ©neutique, Lacan ne va faire que radicaliser son geste au fil de son Ɠuvre il va ainsi renouveler le rapport de la psychanalyse Ă  la question de la science. 20 MalgrĂ© sa tentative et son rapprochement avec Einstein, il n’échappa au feu de la critique de Pop ... 30Il reprend, en quelque sorte, les questions oĂč Freud en Ă©tait restĂ© et les approfondit. La question que se posait en effet Freud en 1933 Ă©tait en effet la psychanalyse est-elle une Weltanschauung c’est‑à‑dire une conception du monde comme l’est la religion ? Ce dernier chercha Ă  rĂ©pondre par la nĂ©gative en rattachant la psychanalyse Ă  l’émergence d’une Welt scientifique dans l’histoire Freud, 198420. Lacan, en prĂ©cise les rapports et s’écarte en partie de l’évolutionnisme scientifique freudien. Si l’avĂšnement de la psychanalyse est effectivement liĂ© Ă  la naissance de la science, ce n’est pas en tant qu’elle s’insĂšre dans la logique scientifique mais en tant que son champ relĂšve de ce que la science exclut ou rejette. S’il s’agit pour la psychanalyse d’ouvrir un espace irrĂ©ductible Ă  la vĂ©ritĂ© de la parole du sujet, c’est en tant qu’elle entretient un certain rapport au langage de la science qui est un rapport d’exclusion nĂ©cessaire. Évidemment, une telle conception suppose d’élucider plus prĂ©cisĂ©ment ce rapport de la parole que permet la psychanalyse au langage de la science. 21 Nous reprenons ici les analyses classiques de Milner 2000. 22 Des distinctions sont lĂ  encore Ă  faire entre le chaman et le psychanalyste. Pour l’un, il s’agit ... 31Que la science ne s’intĂ©resse qu’au gĂ©nĂ©ral est un constat qui s’impose. Saussure par exemple, pĂšre de la linguistique, cherchait, on le sait, Ă  fonder la science du langage. Ainsi il fut amenĂ© Ă  mettre Ă  jour les rĂ©gularitĂ©s et Ă  exclure de son champ d’investigation toutes les traces de l’irrĂ©gularitĂ© ou de l’accident singulier ». Or c’est prĂ©cisĂ©ment Ă  ces irrĂ©gularitĂ©s que la psychanalyse prĂȘte attention, en tant qu’elles rĂ©vĂšlent le sujet. En cela, le domaine qui intĂ©resse la psychanalyse n’est pas vraiment la linguistique, mais plutĂŽt ce que Lacan appelle la linguisterie », c’est‑à‑dire ce qui a trait Ă  la parole du sujet Lacan, 1972. Aussi son investigation se tient‑elle Ă  la limite de la linguistique qui est Ă©tude du langage Lacan dira d’ailleurs de cette derniĂšre qu’elle ne fraye rien pour l’analyse », car le lieu qui l’intĂ©resse n’est pas d’abord celui de la structure au sens d’une structure de langage qui se rĂ©pĂšte, mais le lieu de l’accident qui la rĂ©vĂšle mot d’esprit ou lapsus langagier qui marquent l’émergence du sujet et de sa parole21. S’il y a psychanalyse, c’est en tant que celle‑ci Ă  affaire Ă  la parole du sujet comme cause, ou encore qu’elle a affaire Ă  la relation de la vĂ©ritĂ© comme cause »22. En d’autres termes, chez Lacan, le signifiĂ© passe sous la barre du signifiant nous n’avons qu’un rapport Ă  ce dernier et non plus au premier. C’est pourtant de ce rapport au signifiant singulier que l’efficacitĂ© symbolique se soutient. 32Ainsi si on a rappelĂ© que LĂ©vi‑Strauss compare non sans raison le chaman et le psychanalyste, Lacan dans un texte moins connu des anthropologues Lacan, 1966c, compare cette fois‑ci, le discours de la science tel que celui auquel prĂ©tend LĂ©vi‑Strauss Ă  un discours religieux, et analyse l’interprĂ©tation faite par LĂ©vi‑Strauss du chaman et de la magie en montrant qu’elle Ă©vacue le sujet. On remarquera d’ailleurs qu’il ne parle pas du rapport du signifiant au signifiĂ© Ă  propos de l’efficacitĂ© symbolique comme LĂ©vi‑Strauss en parlait en 1949, mais du rapport du signifiant au signifiant, glissement qui n’est Ă©videmment pas sans implications. Une fois encore, il dĂ©forme » la perspective de LĂ©vi‑Strauss sur la question du symbolique Sur la magie je pars de cette vue, qui ne laisse pas de flou sur mon obĂ©dience scientifique, mais qui se contente d’une dĂ©finition structuraliste. Elle suppose le signifiant rĂ©pondant comme tel au signifiant c’est nous qui soulignons. Le signifiant dans la nature est appelĂ© par le signifiant dans l’incantation. Il est mobilisĂ© mĂ©taphoriquement. La Chose en tant qu’elle parle rĂ©pond Ă  nos objurgations. C’est pourquoi cet ordre de classifications naturelles que j’ai invoquĂ© de LĂ©vi‑Strauss, laisse dans sa dĂ©finition structurale entrevoir le pont de correspondances par lequel l’opĂ©ration efficace est concevable, sous le mĂȘme mode oĂč elle a Ă©tĂ© conçue ». 33Si, Lacan, malgrĂ© cette lĂ©gĂšre distorsion », reconnaĂźt l’approche structurale de LĂ©vi‑Strauss au sens d’une obĂ©dience scientifique », c’est surtout pour porter sa critique plus loin. Ce n’est pas seulement faire valoir l’absence du signifiĂ© dans le paradigme symbolique dont il est question pour lui. Ce qu’il pointe de maniĂšre critique c’est surtout l’évacuation du sujet singulier dans l’approche structurale, ou autrement dit la nĂ©cessitĂ© pour la science d’exclure le signifiant singulier, champ par excellence de l’investigation de la psychanalyse C’est pourtant lĂ  une rĂ©duction qui y nĂ©glige le sujet. Chacun sait que la mise en Ă©tat du sujet, du sujet chamanique y est essentielle. Observons que le chaman, disons en chair et en os, fait partie de la nature et que le sujet corrĂ©latif de l’opĂ©ration a Ă  se recouper dans ce support corporel. C’est ce mode recoupement qui est exclu du sujet de la science. Seuls ses corrĂ©latifs structuraux dans l’opĂ©ration lui sont repĂ©rables 
 » Lacan, 1966c 351. 34En d’autres termes, le savant anthropologue ne peut accĂ©der Ă  l’essence du chamanisme puisqu’il ne s’intĂ©resse qu’à sa dimension structurale. C’est donc, en quelque sorte, un cadeau empoisonnĂ©e » que Lacan fait Ă  LĂ©vi‑Strauss si le structuralisme est bien du cĂŽtĂ© de la science, ce dernier ne peut qu’échouer Ă  rendre compte du sujet chaman. L’anthropologue ne peut qu’entrevoir le pont de correspondances », mais non rendre compte de la vĂ©ritĂ© de cette relation. On voit donc comment Lacan ne ramĂšne pas la question de l’efficacitĂ© symbolique Ă  celle de la science sinon Ă  sa critique, sans pour autant Ă©chouer dans le relativisme ou dans le rejet de la science. Nous sommes alors en 1966 et Lacan peut dĂšs lors affirmer qu’il n y’a pas de science de l’homme parce que l’homme de la science n’existe pas, seulement son sujet » ibid. 339. 23 Pour rendre compte de ce dĂ©ni Lacan va analyser l’acte fondateur de Descartes du cogito, en tant ... 24 Ni la psychanalyse ni la science ne relĂšvent du progrĂšs, car contrairement Ă  ce qu’on s’imagine ... 35N’est‑ce pas lĂ  une mise au point sans appel de l’entreprise de scientificitĂ© qui pourrait ĂȘtre visĂ© par les sciences humaines ? Il ne s’agit pourtant pas pour Lacan de tomber dans le subjectivisme, mais sinon d’analyser le rapport de la consistance de la vĂ©ritĂ© pour un sujet Ă  la connaissance de la science. Le sujet de la science et le sujet de la psychanalyse se retrouvent dans un rapport inĂ©dit, rapport de mutuelle exclusion pourrait-on dire celui du langage et de la parole. C’est ainsi que Lacan, soutiendra que la dĂ©marche structurale tout comme la science » en gĂ©nĂ©ral, impliquent un dĂ©ni du sujet, opĂ©ration par laquelle elles se constituent comme telles. Le dĂ©sir de savoir du savant est tel qu’il constitue la science en tant qu’elle l’évacue lui-mĂȘme. C’est un paradoxe, mais l’homme de science se trouve exclu par dĂ©finition de son savoir et de sa science, puisqu’il ne saurait s’y inscrire il est donc le sujet qui est en exclusion interne Ă  son objet » ibid. 341. C’est la raison pour laquelle la science, si on la regarde de prĂšs, n’a pas de mĂ©moire. Elle oublie les pĂ©ripĂ©ties dont elle est nĂ©e, quand elle est constituĂ©e, autrement dit une dimension de la vĂ©ritĂ© que la psychanalyse met lĂ  hautement en exercice » ibid. 350. C’est que la vĂ©ritĂ© comme cause » telle que l’explore et l’investit la psychanalyse, la science n’en veut rien savoir on parle alors de mĂ©canisme de dĂ©nĂ©gation » ou de forclusion » en clinique psychanalytique. En d’autres termes, le savoir de la science dĂ©pend de la nĂ©gation du sujet il vise sa clĂŽture23. Alors que par exemple, la logique moderne participe de cette tentative de clĂŽturer le sujet de la science, le dernier thĂ©orĂšme de Gödel montre qu’elle y Ă©choue ce qui veut dire que le sujet en question reste le corrĂ©lat de la science, mais un corrĂ©lat antinomique puisque la science s’avĂšre dĂ©finie par la non-issue de l’effort pour le suturer ». On voit donc que pour Lacan la science en mĂȘme temps qu’elle s’étend, que son langage se prĂ©cise, Ă©choue cependant Ă  rĂ©duire un reste » ce reste est prĂ©cisĂ©ment le sujet de la psychanalyse et la parole. C’est ainsi qu’il scelle la science et la psychanalyse tout en s’éloignant de la conception de la science comme scientisme24. Psychanalyse de l’anthropologie clinique de la fonction symbolique chez LĂ©vi‑Strauss 36En exposant les conceptions lacaniennes et lĂ©vi‑straussiennes de maniĂšre symĂ©trique, on constate que les diffĂ©rences s’accentuent, se creusent et en mĂȘme temps se prĂ©cisent. Il s’agit d’aller plus loin et de reprendre les fils de cette discussion afin de dĂ©placer Ă  notre tour le problĂšme en tirant les consĂ©quences de toutes ces assertions. La linguistique dont s’inspire LĂ©vi‑Strauss vise les rĂ©gularitĂ©s, or ce n’est pas la visĂ©e de Lacan, comme on l’a vu. Qu’est‑ce que cela implique que de s’intĂ©resser aux irrĂ©gularitĂ©s, que ce soit au niveau anthropologique ou au niveau de la nature du paradigme symbolique ? 37Cela signifie qu’on ne peut rĂ©duire un sujet Ă  la structure de sa langue ou du langage. Car si les cĂ©lĂšbres formules consacrĂ©es de Lacan, d’une part l’inconscient est structurĂ© comme un langage », et d’autre part l’inconscient existe, se motive de la structure, soit du langage », nous indiquent en derniĂšre instance que la structure, c’est le langage, qui est en mĂȘme temps condition de l’inconscient, ou encore, ce qui revient un peu au mĂȘme, qu’il n’y a d’inconscient que chez l’ĂȘtre parlant 
 », ces thĂšses n’ont cependant pas une simple portĂ©e de clĂŽture ou de coupure » mais surtout une valeur heuristique et engagent une recherche » Guyomard, 2004. En d’autres termes, si la possibilitĂ© de la parole du sujet est directement liĂ©e Ă  sa langue et au langage, elle ne saurait ĂȘtre arraisonnĂ©e ni par l’un ni par l’autre. La notion de fonction symbolique telle que LĂ©vi‑Strauss l’élabore est ainsi mise Ă  mal, et le structuralisme de Lacan est bien diffĂ©rent de celui de LĂ©vi‑Strauss. Il n’en partage pas l’idĂ©al de science. 25 Plus tard c’est la dimension du rĂ©el qui prendra le pas sur les deux autres. 38À partir de ces aspects, on commence Ă  saisir l’éventuelle contribution de la psychanalyse pour Ă©clairer, cette fois‑ci, certains ressorts inconscients de la science » anthropologique. La dimension symbolique telle que la manipule le psychanalyste est fort diffĂ©rente de celle envisagĂ©e par LĂ©vi‑Strauss, ne serait‑ce que parce que dĂšs 1949 Lacan la couple Ă  la dimension imaginaire25. ConsidĂ©rant la vĂ©ritĂ© de la parole en tant que cause du sujet, Lacan ouvre un espace Ă  la singularitĂ© du sujet qu’il prend bien soin d’articuler Ă  l’universel du langage de la science. Ce n’est Ă©videmment pas le cas de LĂ©vi‑Strauss qui tend plutĂŽt Ă  effacer le sujet et sa singularitĂ© au nom de la science. Si c’est cet anthropologue qui est reconnu comme le pĂšre de la notion fondamentale en anthropologie de fonction symbolique », il peut ĂȘtre intĂ©ressant de soulever certains aspects relativement mĂ©connus de sa conception et qui posent problĂšme relativement aux enjeux prĂ©sentĂ©s ici. 39En effet, tout se passe comme si la fonction symbolique de LĂ©vi-Strauss Ă©tait une façon d’éviter l’inconscient psychanalytique et le remaniement de la question du symbolique par rapport au sujet qu’effectue Lacan. On peut se reporter Ă  son entretien avec Bellour 1979 B – Je voulais revenir et insister, en les formulant de façon plus globale, sur les questions qui prĂ©cĂ©daient, en particulier celle sur la psychanalyse Ă  laquelle vous me semblez n’avoir qu’à moitiĂ© rĂ©pondu. Ceci, dans la mesure oĂč les clivages que vous pratiquez se trouvent Ă©luder spĂ©cifiquement la dimension fondamentale de l’inconscient comme production du dĂ©sir. L-S – Mais est-ce la dimension fondamentale de l’inconscient ? Je n’en suis nullement convaincu ». 40Si LĂ©vi‑Strauss a bien repĂ©rĂ© une dimension mythopoĂŻĂ©tique dans laquelle se dĂ©ploie l’exercice de la cure psychanalytique, il n’est pas certain que l’on puisse cependant rapporter celle‑ci Ă  la fonction symbolique telle qu’il l’entend. En effet, LĂ©vi‑Strauss dĂ©nie la singularitĂ© du sujet. Dans les textes que nous avons Ă©voquĂ©s LĂ©vi‑Strauss nous dit que la fonction symbolique renvoie Ă  un ensemble de structures intemporelles que l’on appellerait inconscient », et dĂšs lors, nous verrions s’évanouir la derniĂšre diffĂ©rence entre la thĂ©orie du chamanisme et celle de la psychanalyse. L’inconscient cesse d’ĂȘtre l’ineffable refuge des particularitĂ©s individuelles, le dĂ©positaire d’une histoire unique, qui fait de chacun de nous un ĂȘtre irremplaçable. Il se rĂ©duit Ă  un terme par lequel nous dĂ©signons une fonction la fonction symbolique [
] qui chez tous les hommes s’exerce selon les mĂȘmes lois ; qui se ramĂšne en fait Ă  l’ensemble de ses lois » 1949 a 232 41Puis, un peu plus loin, LĂ©vi‑Strauss avance que l’inconscient est toujours vide ; ou plus exactement, il est toujours aussi Ă©tranger aux images que l’estomac aux aliments qui le traversent ». Il est en fait l’organe d’une fonction, la fonction symbolique ». Du coup, il se borne Ă  imposer des lois structurales qui Ă©puisent sa rĂ©alitĂ© » ibid. 233. On le voit, l’assimilation est totale et radicale, et l’inconscient vidĂ© de toute pulsion, de toute dimension singuliĂšre, de tout dĂ©sir. Il est Ă©quivalent Ă  la fonction symbolique » qui est une sorte de mĂ©canique opĂ©ratoire de l’intellect. 42Face Ă  une telle conception, on ne peut que se remĂ©morer la boutade de Barthes ’Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermĂ©e est un proverbe structuraliste » Barthes, 1995a 337. N’y a t‑il pas en effet une rage structuraliste » rage qui a peut‑ĂȘtre pris des gants, mais une rage polie est toujours une rage », se demandait alors Barthes non sans une dĂ©licieuse malice ? Car dans l’auguste mouvement par oĂč LĂ©vi‑Strauss affirme l’hypothĂšse symbolique, il ne rĂ©siste pas, on le voit, Ă  la tentation d’arraisonner l’inconscient de la psychanalyse Ă  sa fonction symbolique ». 43Mais ce n’est pas tout, et c’est le deuxiĂšme aspect de notre hypothĂšse. Que LĂ©vi‑Strauss fasse du modĂšle structural un modĂšle explicatif tout-puissant et universel est une chose qui en soi est assez problĂ©matique ; cette critique a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e en grande partie et Ă  juste titre, notamment par les anthropologues postmodernes. Mais soulignons que la maniĂšre dont il le fait dans ces textes mĂ©rite une attention particuliĂšre car et c’est lĂ  une des modalitĂ©s de son discours gĂ©nĂ©ralement peu mise en valeur car il hypothĂšque la psychanalyse au nom d’un progrĂšs irrĂ©sistible de la science biochimique et physiologique 26 On peut remarquer au passage que le geste de LĂ©vi‑Strauss est d’autant plus retord » qu’il s’ap ... L’analogie entre les deux mĂ©thodes chamanique et psychanalytique serait plus complĂšte si la description en termes psychologiques des psychoses et des nĂ©vroses disparaĂźt un jour devant une conception physiologique, ou mĂȘme biochimique [
] Cette Ă©ventualitĂ© pourrait ĂȘtre plus proche qu’il ne semble, puisque les recherches suĂ©doises rĂ©centes ont mis en Ă©vidence des diffĂ©rences chimiques, portant sur leur richesses en polynuclĂ©otides, entre les individus normaux et celles de l’aliĂ©nĂ© » ibid. 23126. 44Ces quelques remarques qui vantent les mĂ©rites d’une approche biologique de l’ĂȘtre humain se retrouvent plus tard dans d’autres Ă©crits. Dans Le totĂ©misme aujourd’hui, LĂ©vi‑Strauss Ă©crit En vĂ©ritĂ© les pulsions et les Ă©motions n’expliquent rien ; elles rĂ©sultent toujours soit de la puissance du corps, soit de l’impuissance de l’esprit. ConsĂ©quences dans les deux cas, elles ne sont jamais des causes. Celles‑ci ne peuvent ĂȘtre cherchĂ©es que dans l’organisme, comme seule la biologie sait le faire, ou dans l’intellect, ce qui est l’unique voie offerte Ă  la psychologie comme Ă  l’ethnologie » 1962 103. 45On voit bien que la fonction symbolique » s’assimile Ă  un intellect renvoyĂ© au fonctionnement du cerveau, tel qu’il est envisagĂ© par la biologie. Un des commentateurs de LĂ©vi‑Strauss nous dit d’ailleurs Il semble bien que LĂ©vi‑Strauss pour sa part est convaincu de la complĂ©mentaritĂ© entre le structuralisme et la neurobiologie 
. Les propriĂ©tĂ©s logiques que le structuralisme met en Ă©vidence pourraient se rapporter en derniĂšre instance Ă  l’organisation cĂ©rĂ©brale » Rechtman, 1996 64-65. 46On voit donc que LĂ©vi‑Strauss rejette l’inconscient freudien pulsionnel et singulier pour asseoir le symbolisme structuraliste sur une prĂ©tendue correspondance avec le modĂšle de la science biologique. Il renaturalise » donc la dimension symbolique au nom d’un idĂ©al de la science on pourrait dire qu’il existerait pour lui, en quelque sorte, l’idĂ©e d’un signifiĂ© naturel ». LĂ©vi‑Strauss Ă©radique la logique du signifiant singulier, arraisonne le sujet, Ă©crase sa parole, le rĂ©duisant Ă  une pure fonction au nom de la science
 En derniĂšre instance il n’hĂ©site pas Ă  ramener le paradigme symbolique Ă  un biologisme sous le thĂšme de la mĂ©taphore poĂ©tique ». Et, c’est peut‑ĂȘtre ici que le dĂ©saccord avec Lacan est le plus saillant. 47En effet, pour ce qui est du dĂ©bat qui nous intĂ©resse, nous retrouvons une rĂ©ponse trĂšs tranchĂ©e Ă  l’hypothĂšse de LĂ©vi‑Strauss formulĂ©e en 1949, Ă  savoir celle de l’isomorphisme » mĂ©taphorique est‑ce un hasard si, 28 ans plus tard, Lacan reprend en effet la question de la nature de la poĂ©sie pour dĂ©crire l’activitĂ© psychanalytique ? Mais il le fera Ă  l’opposĂ© de ce qu’aura fait LĂ©vi‑Strauss. Lacan, plutĂŽt que d’assimiler la psychanalyse Ă  une science n’hĂ©sitera pas Ă  dire, non sans provocation malicieuse, qu’elle serait une escroquerie » elle serait, d’une certaine façon, du chiquĂ©, je veux dire du semblant. [
] Il est parvenu Ă  vos oreilles que j’ai parlĂ© de la psychanalyse comme pouvant ĂȘtre une escroquerie » Lacan, 1977a. 48Cependant, s’il s’agit d’une escroquerie », encore faut‑il s’entendre sur les termes. Il les prĂ©cisera en effet la psychanalyse est peut-ĂȘtre une escroquerie, mais ce n’est pas n’importe laquelle – c’est une escroquerie qui tombe juste par rapport Ă  ce qu’est le signifiant, soit quelque chose de bien spĂ©cial, qui a des effets de sens. [
] À cet Ă©gard, la psychanalyse n’est pas plus une escroquerie que la poĂ©sie elle‑mĂȘme » Lacan 1977b. 49Lacan jusqu’à la fin de sa vie n’aura pas cĂ©dĂ© ni Ă  la tentation du scientisme, ni non plus Ă  celle de condamner de la science. Conclusion et aujourd’hui ? 27 C’est notamment non un anthropologue mais un psychanalyste qui a menĂ© cette critique particuliĂšre ... 28 C’est le cas notamment de Sulloway qui soutient que Freud Ă©tait en rĂ©alitĂ© un biologiste de l’e ... 29 Pour la petite histoire, Sulloway est chercheur au MIT. Or, ce [
] dĂ©partement allait devenir c ... 30 Citons un commentateur de ces mouvements, pour se remettre dans l’ambiance » de l’époque de la ... 50C’est donc un curieux paradoxe, peu soulignĂ© il est vrai dans l’histoire de l’anthropologie culturelle oĂč LĂ©vi‑Strauss occupe une place de premier plan, que cette Ɠuvre soit aussi celle par oĂč se rĂ©introduit le naturalisme contemporain27. Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve les mĂȘmes rĂ©fĂ©rences Ă  l’Ɠuvre de Freud que faisait LĂ©vi‑Strauss dans les annĂ©es 50, chez des anthropologues contemporains qui tentent de biologiser la psychanalyse28. De mĂȘme que LĂ©vi‑Strauss cite les rares passages oĂč Freud mise sur les progrĂšs de la biologie contre la psychanalyse pour justifier l’hypothĂšse d’une biologisation » de la fonction symbolique, certains auteurs soutiennent que Freud Ă©tait un biologiste de l’esprit qui avait cachĂ© son inspiration biologisante en d’autres termes, les concepts fondamentaux de la psychanalyse se trouveraient dans les neurosciences29. C’est lĂ  un habile moyen d’ignorer l’Ɠuvre de Freud, mais aussi surtout celle de Lacan. Ce discours se prĂ©sente sous le masque d’une fringante modernisation scientifique », alors qu’il est Ă©videmment en son fond une rĂ©gression, un retour en arriĂšre, une dĂ©nĂ©gation de la singularitĂ© et du dĂ©sir du sujet. Cette prolifĂ©ration d’un savoir de nature scientiste n’est pas sans rappeler l’inconscient cĂ©rĂ©bral » du XIXe siĂšcle et sa prolifĂ©ration Gauchet, 1992. Or si plus personne ne se souvient aujourd’hui de la morpho‑psychologie, du constitutionalisme, ou de l’anthropomĂ©trie de Galton30 mis Ă  part quelques rares historiens des sciences, la dĂ©suĂ©tude et l’oubli qui frappent aujourd’hui ces conceptions surannĂ©es constituent assurĂ©ment le pendant du triomphe des sciences humaines contemporaines et du paradigme symbolique. Mais pour combien de temps encore ? Car force est de constater que la psychologie et l’anthropologie cognitives contemporaines sont un avatar de cette conception ancienne. Si une bataille fut autrefois gagnĂ©e, il semblerait que la guerre a dĂ©sormais repris
 Tout en se distinguant des neurosciences et de la biologie, les courants cognitivistes trouvent en ces derniĂšres la rĂ©fĂ©rence obligĂ©e Ă  leur exigence matĂ©rialiste, comme LĂ©vi‑Strauss. Et il s’agit bien lĂ  toujours du mĂȘme motif celui d’un certain idĂ©al de science que l’on cherche Ă  appliquer Ă  l’homme, quitte Ă  le faire taire, Ă  empĂȘcher sa parole. 51En tout Ă©tat de cause, rouvrir le dossier relativement oubliĂ© des rapports de l’anthropologie et de la psychanalyse et des enjeux de leurs paradigmes respectifs doit inviter Ă  poursuivre la discussion aujourd’hui. La psychanalyse interrogea radicalement le projet de toute science de l’homme et mĂȘme de toute science, pour le remettre en cause et renouveler la vieille question celle posĂ©e Ă  l’époque oĂč les sciences humaines furent fondĂ©es de savoir si la psychanalyse et l’anthropologie sont hors ou dans la science ? 31 En effet, le linguiste lui‑mĂȘme n’est-il pas linguiste que dans la mesure exacte oĂč il est lui- ... 32 On pourrait rapprocher ces travaux de Lacan de ceux de Foucault ou de Derrida, qui furent produit ... 33 Nous pensons ici aux rĂ©cents travaux d’Eric Chauvier. On peut se reporter Ă  sa thĂšse oĂč l’auteur ... 34 On ne peut Ă©viter aussi d’évoquer ici la contribution de la philosophie contemporaine comme celle ... 52La clinique, en tant que son objet est la singularitĂ© de la parole d’un sujet, interroge de maniĂšre exemplaire la question de l’objet de la science en gĂ©nĂ©ral, et donc de tout idĂ©al de science dans les sciences de l’homme. Toute prĂ©tention scientifique en tant qu’elle vise le gĂ©nĂ©ral et Ă©radique les irrĂ©gularitĂ©s du sujet, ne peut-elle pas faire l’objet d’une problĂ©matisation psychanalytique, surtout si elle prĂ©tend faire une science de l’homme »31 ? La psychanalyse, par son attention aux mots singuliers, ne pouvait peut‑ĂȘtre que dĂ©construire l’aspect fantasmatique du projet consistant Ă  Ă©laborer une science » de l’homme32. Cependant il se pourrait que ce soit aujourd’hui les recherches en anthropologie contemporaine33 qui se soit engagĂ©e plus avant dans l’investigation du paradigme symbolique quant Ă  ses consĂ©quences thĂ©oriques et pratiques34. Et, mĂȘme si Lacan ne fut pas dupe de la science lĂ  oĂč LĂ©vi‑Strauss le fut, son Ɠuvre n’a pas, bien entendu, Ă  ĂȘtre exemptĂ©e d’un travail critique. Il semble que la situation psychanalytique n’a guĂšre Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©e jusqu’alors par la critique postmoderne des effets de langage, qui a pour intĂ©rĂȘt de montrer les illusions prĂ©sentes dans les concepts fondateurs des disciplines. Est‑ce pour avoir poussĂ© assez loin sa pratique du langage et sa thĂ©orisation critique que, jusqu’à aujourd’hui, elle a rĂ©ussi Ă  s’en prĂ©server ? Rien n’est moins sĂ»r, mais c’est certainement de bon augure pour la psychanalyse ; comme le disait Tosquelles 1991 » ce qui caractĂ©rise la psychanalyse c’est qu’il faut l’inventer ». Top of page Bibliography Assoun Zafiropoulos M. dir., 2002. L’anthropologie psychanalytique. Paris, Anthropos Economica. Assoun Zafiropoulos M. dir., 2004. Logiques du symptĂŽme, Logiques pluridisciplinaires. Paris, Anthropos Economica. Assoun Zafiropoulos M. dir., 2007. ActualitĂ©s de la fonction symbolique. Paris, Anthropos Economica. Barthes R., 1995a. Question de tempo » in ƒuvres complĂštes, t. V. Paris, Seuil, 1997. Barthes R., 1995b. Écoute » in ƒuvre complĂštes, t. V. Paris, Seuil, 1977. Bidou P., 2001. Le Mythe de Tapir Chaman. Essai d’anthropologie psychanalytique. Paris, Odile Jacob. Bidou P., Galinier J., Juillerat B., 1999. Arguments », L’anthropologie psychanalytique », L’Homme, 149. BORDES R., 2008. Dire les maux. Usage du verbe dans les mĂ©decines. Montreuil, Éditions Aux lieux d’ĂȘtre collection Sous prĂ©texte de mĂ©decines. Butler J., 2002. La Vie psychique du pouvoir. L’assujettissement en thĂ©ories. Paris, Leo Scheer. Butler J., 2005. Humain, Inhumain. Le Travail critique des normes. Entretiens. Paris, Éditions Amsterdam. Chauvier E., 2003. Fiction familiale Approche anthropolinguistique de l’ordinaire d’une famille. Bordeaux, PUB. Chauvier E., 2008. Si l’enfant ne rĂ©agit pas. Paris, Allia. DESCOMBES V., 2005. Edmond Ortigues et le tournant linguistique », L’Homme, 175‑176. Dortier 1999. Le cerveau et la pensĂ©e. La rĂ©volution des sciences cognitives. Paris, Éditions sciences humaines. Dosse F., 1995. L’empire du sens. L’humanisation des sciences humaines. Paris, Fayard. FAVRET-SAADA J., 1977. Les mots, la mort, les sorts la sorcellerie dans le bocage. Paris, Gallimard. Freud S., 1973 [1894]. Les psychonĂ©vroses de dĂ©fenses », NĂ©vrose, psychose, perversion. Paris, PUF. Freud S., 1956 [1895]. Études sur l’hystĂ©rie Breuer. Paris, PUF. Freud S., 1953 [1904]. La technique psychanalytique. Paris, PUF. Freud S., 1981 [1920]. Au delĂ  du principe de plaisir », Essais de psychanalyse. Paris, Payot. Freud S., 1933. La psychanalyse est-elle une Weltanschauung ? » Les nouvelles confĂ©rences d’introduction Ă  la psychanalyse. Paris, Gallimard. Galinier J., 1997. La moitiĂ© du monde. Le corps et le cosmos dans le rituel des indiens Otomi. Paris, PUF. Gantheret F., 1993. Un acte ». PrĂ©face Ă  Sigmund Freud, Totem et Tabou. Paris, Gallimard. GAUCHET M.,1992. L’inconscient cĂ©rĂ©bral. Paris, Seuil. Green A., 1995. La causalitĂ© psychique. Entre nature et culture. Paris, Odile Jacob. Gerber S., Raffy A., 2004. Entretien avec Edmond et Marie‑CĂ©cile Ortigues », Le coq HĂ©ron, 174. Paris, Éres. Guyomard P., 2004. Lacan », Encyclopaedia Universalis. Juillerat B., 2001. Penser l’imaginaire. Essai d’anthropologie psychanalytique. Lausanne, Payot. Kremer-Marietti A., 2007. Le symbolique », EncyclopĂ©dia Universalis. Paris. Lacan J., 1953. Le mythe individuel du nĂ©vrosĂ© », version inĂ©dite. Lacan J., 1965. SĂ©minaire XII, ProblĂšmes cruciaux pour la psychanalyse. Paris, inĂ©dit. Lacan J., 1966a [1953]. Fonction et champ de la parole et du langage », Écrits, t. I. Paris, Seuil Lacan J., 1966b. [1936]. Au delĂ  du principe de rĂ©alitĂ© », Écrits, t. I. Paris, Seuil Lacan J., 1966c. La science et la vĂ©ritĂ© », Écrits, tome II. Paris, Seuil. Lacan J., 1966d [1949]. Le stade du miroir comme formateur du Je », Écrits, t. I. Paris, Seuil. Lacan J., 1972. SĂ©minaire XX, Encore. Paris, Seuil. Lacan J., 1974. [1932]. De la psychose paranoĂŻaque dans ses rapports Ă  la personnalitĂ©. Paris, Seuil Lacan J., 1977a. Nomina non sunt consequentia rerum », sĂ©ance du 8 mars 1977, texte Ă©tabli par Jacques-Alain Miller, Ornicar ? 1978, 16 13. Lacan J., 1977b. Vers un signifiant nouveau », sĂ©ance du 15 mars 1977, texte Ă©tabli par Jacques-Alain Miller, Ornicar ? 1979, 17-18 8. Lacan J., 1977c. SĂ©minaire XXIV, L’insu que sait de l’une‑bĂ©vue s’aile Ă  mourre. Paris, inĂ©dit. Lacan J., 1977d. SĂ©minaire XXV, Le moment de conclure. Paris, inĂ©dit. Laplanche J., Pontalis 1967. Vocabulaire de la psychanalyse. Paris, PUF. Latour B., Wooglar S., 1988. La vie de laboratoire. Paris, La DĂ©couverte. LĂ©vi-Strauss C., 1949a. L’efficacitĂ© symbolique », Revue de l’histoire des religions, t. 135, n° 1 5-27. LĂ©vi-Strauss C., 1949b. Le sorcier et sa magie », Les temps modernes, 41 3-24. LĂ©vi-Strauss C., 1962. Le totĂ©misme aujourd’hui. Paris, Plon. LĂ©vi-Strauss C., 1964. CritĂšres scientifiques dans les disciplines sociales et humaines », La revue internationale des sciences sociales. LĂ©vi-Strauss C., 1973. Anthropologie structurale II. Paris, Plon. LĂ©vi-Strauss C., 1974. Anthropologie structurale. Paris, Plon. LĂ©vi-Strauss C., 1979. Claude LĂ©vi-Strauss textes de et sur Claude LĂ©vi‑Strauss. Textes rĂ©unis par Raymond Bellour et Catherine ClĂ©ment. Paris, Gallimard. LĂ©vy-Bruhl L., 1922. La mentalitĂ© primitive. Paris, Alcan. Maniglier P., 2006 La vie Ă©nigmatique des signes, Saussure et la naissance du structuralisme. Paris, LĂ©o Scheer. DE martino E., 1999. Le monde magique. Le Plessis‑Robinson, Les empĂȘcheurs de penser en rond. Meyer C. dir., 2005. Le livre noir de la psychanalyse. Paris, Les ArĂšnes. Milner 2000. De la linguistique Ă  la linguisterie », Lacan, l’écrit, l’image. Paris, Flammarion. Ortigues E., Ortigues 1973 [1966]. ƒdipe africain. Paris, UGE coll. 10-18. Popper K., 1988. La logique de la dĂ©couverte scientifique. Paris, Payot, 1934. Rechtman R., 1996. Anthropologie et psychanalyse un dĂ©bat hors sujet ? », Journal des anthropologues, 64-65 65-86. SÉbag L., 1964. Analyse des rĂȘves d’une indienne Guayaki », LesTemps modernes. Sperber D., 1987. Les sciences cognitives, les sciences sociales, et le matĂ©rialisme », Le DĂ©bat, 47 105-115. Sperber D., 1996. La contagion des idĂ©es. ThĂ©orie naturaliste de la culture. Paris, Odile Jacob. Sulloway F., 1992. Freud, biologiste de l’esprit. Paris, Fayard. Torris G., 1972. La caractĂ©rologie », EncyclopĂ©die Universalis, version numĂ©rique 2004. Tosquelles F., 1991. Une politique de la folie », ChimĂšres, Revue des schizoanalyses, [Autres terrains, autres politiques], 13. Varela Francisco J., Thompson E. & Rosch E., 1999. L’inscription corporelle de l’esprit. Sciences cognitives et expĂ©rience humaine. Paris, Seuil. Zafiropoulos M., 2003. Lacan et LĂ©vi‑Strauss ou le retour Ă  Freud, 1951-1957. Paris, PUF. Zafiropoulos M., 2001. Lacan et les sciences sociales. Le dĂ©clin du pĂšre 1938-1953. Paris, PUF. Top of page Notes 1 Nous entendons le terme de symbolique, ou de paradigme symbolique », au sens gĂ©nĂ©ral oĂč il s’oppose Ă  un paradigme naturaliste ou organique. Sur la question de cette notion fondatrice en sciences humaines et ses origines on peut notamment se rapporter Ă  l’article de Kremer‑Marietti 2007 qui l’inscrit dans l’hĂ©gĂ©lianisme et dont on peut retenir le commentaire suivant Symboliser est l’acte essentiellement fondateur dans le sens oĂč fonder, c’est ici poser Ă  la fois la condition de possibilitĂ© et l’accomplissement de la convention humaine, du pacte incontournable. Si la psychanalyse met au jour la topique symbolique, l’ethnologie la confirme et les sciences humaines l’impliquent ». 2 D’aprĂšs ces doctrines, le trouble psychique Ă©tait dĂ» Ă  processus neuro‑dĂ©gĂ©nĂ©ratif. 3 Il faut rappeler que Durkheim, fondateur de la sociologie, tout comme Ribot, fondateur de la psychologie en France, Ă©taient tous deux philosophes de formation. Seul Mauss, fondateur de l’ethnologie et neveu de Durkheim ne l’était pas. 4 La citation complĂšte mĂ©rite l’attention pour donner un aperçu de son propos Il n’y a pas d’autres causes que des causes naturelles. Il n’y a pas d’exceptions aux lois de la physique. Dans le social, on est confrontĂ© au mĂȘme matĂ©riel » citĂ© par Dosse, 1995 247. 5 Sur ces questions on se reportera Ă  l’excellente critique de Bernard Juillerat 2001 9-38 concernant cette approche naturaliste en gĂ©nĂ©ral. Elle constitue notre rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. 6 C’est notamment le cas du trĂšs mĂ©diatisĂ© Livre noir de la psychanalyse oĂč les auteurs, aprĂšs avoir critiquĂ© la psychanalyse, font en fin d’ouvrage l’apologie des thĂ©rapies neuro‑comportementales Meyer, 2005. 7 Comment ne pas voir que les rĂ©cents dĂ©bats autour de l’efficacitĂ© thĂ©rapeutique de la psychanalyse en France autour de l’amendement Accoyer s’inscrivent aussi dans ce mĂȘme phĂ©nomĂšne Ă©valuatif inspirĂ© des approches cognitives anglo-saxonnes ? 8 C’est le cas d’une lecture qui semble devenir frĂ©quente et qui, mĂȘme si elle est incontestablement fĂ©conde philosophiquement, peut laisser de cĂŽtĂ© certaines questions spĂ©cifiques aux Ɠuvres Maniglier, 2006. 9 En effet, les rapports de Lacan Ă  LĂ©vi‑Strauss ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remarquablement explorĂ©s mais de maniĂšre diffĂ©rente. Lacan serait d’abord tributaire de Durkheim, puis son retour Ă  Freud se ferait par LĂ©vi‑Strauss Ă  qui il devrait l’essentiel de ses concepts Zafiropoulos, 2001, 2003. Dans une lecture complĂ©mentaire Ă  cette derniĂšre, nous insisterons quant Ă  nous sur leurs diffĂ©rences et sur la fĂ©conditĂ© de la lecture lacanienne de LĂ©vi‑Strauss. 10 On ne prĂ©sentera pas ici l’ensemble des recherches d’anthropologie psychanalytique qui furent menĂ©es depuis plus d’un siĂšcle de recherche de l’anthropologie amĂ©ricaine avec Margaret Mead et les culturals studies du dĂ©but du siĂšcle, jusqu’aux dĂ©veloppements de Roheim, de DĂ©vereux ou de Bastide en France jusqu’à la fin des annĂ©es 1970. On peut notamment se reporter sur ces questions Ă  la prĂ©face de François Gantheret 1993 Ă  Totem et Tabou qui dĂ©gage ces aspects. 11 Depuis L’oedipe africain d’Ortigues 1966 la psychanalyse inspirĂ©e de Lacan n’a pas exprimĂ© grand-chose sur l’anthropologie semble t‑il. De plus, si dans la premiĂšre Ă©dition de ce livre, rĂ©fĂ©rence est faite aux concepts lacaniens, il n’en sera plus de mĂȘme dans la 3e Ă©dition 1984. Au fond, Ortigues n’était‑il pas avant tout philosophe ? On peut se reporter au numĂ©ro consacrĂ© par L’Homme qui lui rend hommage – l’étendue de son Ɠuvre dĂ©borde largement le champ de la psychanalyse on regardera notamment l’article de Vincent Descombes, 2005 – ainsi qu’à l’entretien de Simone Gerber et Alex Raffy dans la revue Le coq HĂ©ron qui fait notamment Ă©tat de la clinique africaine dans les annĂ©es cinquante 2004. Cependant, une autre tentative s’élabore et s’affirme comme incontournable aujourd’hui. Cette autre anthropologie psychanalytique vise Ă  intĂ©grer les avancĂ©es des recherches psychanalytiques, notamment cliniques, et les avancĂ©es des recherches en sciences sociales Assoun & Zafiropoulos, 2001, 2004, 2007. Notre travail est proche de cette perspective. 12 On pense ici notamment Ă  l’ouvrage de Favret‑Saada qui fit date, Les mots, la mort, les sorts la sorcellerie dans le bocage 1977. 13 Mieux encore, comme on le sait, elle‑mĂȘme en dĂ©pend la production des faits de laboratoire s’inscrit elle aussi dans la culture et la science est imbibĂ©e de valeurs Latour & Wooglar, 1988. 14 Comme nous le verrons Lacan dĂ©veloppe un certain rapport de la psychanalyse Ă  la science. Il ne s’agit certainement pas de tomber dans la caricature anti‑scientifique, mais de distinguer la science de la psychanalyse, tout en essayant d’élucider leurs liens. 15 Cette affirmation mĂ©riterait bien entendu de plus longs dĂ©veloppements, que nous n’avons pas les moyens d’exposer ici. 16 C’est‑à‑dire au sens oĂč l’on parle d’une science physique. 17 Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences, ces deux auteurs plutĂŽt tenus Ă  l’écart du dĂ©bat aujourd’hui postulent davantage qu’il existe une diffĂ©rence de nature ontologique entre la pensĂ©e magique et la pensĂ©e rationnelle. 18 Le concept d’abrĂ©action se trouve essentiellement valorisĂ© dans les premiĂšres Ă©laborations thĂ©oriques freudiennes conçues sur le modĂšle de la catharsis. L’abrĂ©action en psychanalyse consiste en une dĂ©charge Ă©motionnelle par laquelle un sujet se libĂšre de l’affect attachĂ© Ă  un Ă©vĂ©nement traumatique ou souvenir d’un Ă©vĂ©nement traumatique, lui permettant ainsi de ne pas devenir ou rester pathogĂšne Laplanche & Pontalis, op. cit.. 19 » Pour les imagos, en effet, dont c’est notre privilĂšge que de voir se profiler, dans notre expĂ©rience quotidienne et la pĂ©nombre de l’efficacitĂ© symbolique, les visages voilĂ©s, – l’image spĂ©culaire semble ĂȘtre le seuil du monde visible 
 » Lacan, 1966d 95. 20 MalgrĂ© sa tentative et son rapprochement avec Einstein, il n’échappa au feu de la critique de Popper qui paraĂźt deux ans plus tard 1988. 21 Nous reprenons ici les analyses classiques de Milner 2000. 22 Des distinctions sont lĂ  encore Ă  faire entre le chaman et le psychanalyste. Pour l’un, il s’agit de la vĂ©ritĂ© comme cause efficiente son domaine sont les signifiants naturels ; la magie qu’il dĂ©clenche provient du fait qu’il manipule de signifiants naturels tonnerre, pluie, mĂ©tĂ©ores et miracles, pour le psychanalyste, Lacan parle de la vĂ©ritĂ© comme cause matĂ©rielle puisqu’il s’agit de la matĂ©rialitĂ© » de la parole qui est sans rapport avec la nature Lacan 1966c. 23 Pour rendre compte de ce dĂ©ni Lacan va analyser l’acte fondateur de Descartes du cogito, en tant que sujet de la science. La possibilitĂ© du cogito et de la fondation de la science moderne par Descartes ne reposait-elle pas en effet sur l’idĂ©e d’une mathesis universalis, c’est‑à‑dire d’un langage qui, prenant la mathĂ©matique comme modĂšle, pourrait rendre compte de tous les phĂ©nomĂšnes ? Lacan dans Les problĂšmes cruciaux pour la psychanalyse leçon du 9 juin 1965 indique bien que le cogito cartĂ©sien dĂ©finit les rapports du sujet au savoir comme Ă©tant le sujet de la connaissance. En d’autres termes, si le cogito fonde le sujet de la science et son langage, c’est aussi en excluant le sujet il y a un je pense qui est savoir sans le savoir » ibid.. Le je pense » n’a plus de rapport avec le suis » c’est au contraire dans les ratages, lapsus, symptĂŽmes que je » trouve son statut de sujet. La condition de sujet parlant sera toujours d’ĂȘtre divisĂ©e on ne se rĂ©vĂšle jamais autrement Ă  soi-mĂȘme que dans un mi‑dire de sa parole, car la vĂ©ritĂ©, contrairement Ă  la certitude de la science, n’est pas toute ». Le langage de la science est en quelque sorte l’envers de la parole du sujet. 24 Ni la psychanalyse ni la science ne relĂšvent du progrĂšs, car contrairement Ă  ce qu’on s’imagine, la science tourne en rond, et nous n’avons pas de raison de penser que les gens du silex taillĂ© avaient moins de science que nous. La psychanalyse, notamment, n’est pas un progrĂšs... c’est un biais pratique pour mieux se sentir » Lacan, 1977. 25 Plus tard c’est la dimension du rĂ©el qui prendra le pas sur les deux autres. 26 On peut remarquer au passage que le geste de LĂ©vi‑Strauss est d’autant plus retord » qu’il s’appuie sur deux suggestions isolĂ©es de Freud, oĂč le pĂšre de la psychanalyse Ă©voque la possibilitĂ© d’un anĂ©antissement de la psychanalyse par le progrĂšs de la science objectiveces remarques se trouvent dans Au delĂ  du principe de plaisir Freud, 1968 78,et dans les nouvelles confĂ©rences Freud, 1984 [1933] 198. 27 C’est notamment non un anthropologue mais un psychanalyste qui a menĂ© cette critique particuliĂšre de LĂ©vi‑Strauss, notamment dans un livre qui s’intitule La causalitĂ© psychique Green,1995. 28 C’est le cas notamment de Sulloway qui soutient que Freud Ă©tait en rĂ©alitĂ© un biologiste de l’esprit » 1992. Il n’en demeure pas moins que Freud a malgrĂ© tout posĂ© l’autonomie du psychisme et mis en garde la psychanalyse face Ă  la tentation d’une main mise par la mĂ©decine psychiatrique. Freud, mĂ©decin de formation, s’était Ă©cartĂ© peu Ă  peu de l’approche biologisante et mĂ©dicale de la psychiatrie. 29 Pour la petite histoire, Sulloway est chercheur au MIT. Or, ce [
] dĂ©partement allait devenir celui des sciences cognitives, ardent dĂ©fenseur des thĂšses de l’évolutionnisme social et historien des sciences spĂ©cialiste du darwinisme
 » selon Michel Plon, qui le prĂ©sente en introduction. 30 Citons un commentateur de ces mouvements, pour se remettre dans l’ambiance » de l’époque de la thĂšse lacanienne Physiologues et mĂ©decins, surtout observateurs du corps, ont dĂ©crit des morpho‑types et des biotypes constitutions, plutĂŽt anatomiques ; tempĂ©raments, plutĂŽt physiologiques, auxquels ils ont rattachĂ© des traits de caractĂšre de nature psychologique, tandis que psychologues et moralistes ont plus particuliĂšrement nommĂ© caractĂšres depuis ThĂ©ophraste les structures psychologiques fondamentales sous‑jacentes Ă  la personnalitĂ© et susceptibles de regroupement ; des morphopsychologues ont tentĂ© de trouver des corrĂ©lations entre caractĂšres et morphotypes » Torris, 1972. 31 En effet, le linguiste lui‑mĂȘme n’est-il pas linguiste que dans la mesure exacte oĂč il est lui-mĂȘme un sujet parlant ? » se demande Milner Ă  juste titre Dans certains cas – notamment, quand il Ă©tudie sa propre langue –, le retour sur soi lui est ainsi constamment imposĂ© ; mais de toute maniĂšre, Ă  supposer mĂȘme qu’il Ă©tudie une langue qui ne soit pas la sienne, il ne peut l’étudier sans la faire sienne, si peu que ce soit. Il s’établit donc toujours une coĂŻncidence entre l’observateur et l’observĂ© ; cela ne manque pas de crĂ©er une structure paradoxale » Milner, 2004. 32 On pourrait rapprocher ces travaux de Lacan de ceux de Foucault ou de Derrida, qui furent produits dans des pĂ©riodes proches
 sauf que ces philosophies vont jusqu’à dĂ©faire le sujet lui-mĂȘme. De plus, cette idĂ©e que la science ne s’assimile pas Ă  la vĂ©ritĂ© se trouve chez Lacan bien avant les annĂ©es cinquante en 1936 notamment dans un article intitulĂ© Au delĂ  du principe de rĂ©alitĂ© » qu’il consacre Ă  la psychanalyse et Ă  Freud [
] la science peut s’honorer de ses alliances Ă  la vĂ©ritĂ© ; elle peut se proposer comme son phĂ©nomĂšne et sa valeur ; elle ne peut d’aucune façon l’identifier pour sa fin propre » Lacan, 1966b 78. Et c’est ainsi qu’il s’exprimait encore dans son sĂ©minaire du 15 novembre 1977 Lacan, 1977d » Ce que j’ai Ă  vous dire, je vais vous le dire, c’est que la psychanalyse est Ă  prendre au sĂ©rieux, bien que ce n’est pas une science. Ce n’est mĂȘme pas une science du tout. Parce que comme l’a montrĂ© surabondamment un nommĂ© Karl Popper, c’est que ce n’est pas une science parce que c’est irrĂ©futable. C’est une pratique qui durera ce qu’elle durera, c’est une pratique de bavardage. Et aucun bavardage n’est sans risque ». 33 Nous pensons ici aux rĂ©cents travaux d’Eric Chauvier. On peut se reporter Ă  sa thĂšse oĂč l’auteur s’appuie sur la micro observation et sur une pragmatique du langage pour dĂ©crire sa propre famille 2003. Comme le faisait remarquer un Ă©minent anthropologue, cette anthropologie consiste dans le recueil de nos BOV, c’est-Ă -dire dans l’écoute de la bande originale de nos vies. On peut aussi se reporter notamment Ă  son dernier ouvrage 2008 oĂč l’auteur investit une institution qui s’occupe du placement familial. 34 On ne peut Ă©viter aussi d’évoquer ici la contribution de la philosophie contemporaine comme celle de Judith Buttler qui montre les effets normatifs de toute thĂ©orie Butler, 2002, et dont une partie du travail consiste dans une critique et une reprise des donnĂ©es de la psychanalyse. Le nĂ©ophyte se reportera utilement Ă  son recueil d’entretiens Butler, 2005.Top of page References Bibliographical reference Florent Gabarron-Garcia, De l’anthropologie de la psychanalyse Ă  la psychanalyse de l’anthropologie », Journal des anthropologues, 116-117 2009, 69-104. Electronic reference Florent Gabarron-Garcia, De l’anthropologie de la psychanalyse Ă  la psychanalyse de l’anthropologie », Journal des anthropologues [Online], 116-117 2009, Online since 01 June 2010, connection on 24 August 2022. URL ; DOI of page Copyright Journal des anthropologuesTop of page . 153 69 300 225 370 38 157 194

en rapport avec le pĂšre de la psychanalyse